jeudi 31 octobre 2024
12.3 C
Paris

Avec son show, Nadiya Lazzouni suscite échanges et débats

Retenez bien ces trois lettres : NLS. Et surtout ce nom, Nadiya Lazzouni. Cette jeune femme est en effet l’une des figures montantes de la communauté des YouTubeurs. En lançant le Nadiya Lazzouni Show, la jeune femme a voulu rendre hommage à l’un de ses modèles, John Stewart et son « Daily Show ». « Il a su donner à son émission une identité très forte et très différente des programmes que l’on a l’habitude de voir », explique Nadiya pour qui on peut très bien être à la tête d’une émission de divertissement et « transmettre des idées et points de vue assumés, parfois subversifs mais qui amènent toujours à la réflexion ». Alors, lorsque Nadiya a, à l’époque — « sur le ton de la plaisanterie », assure-t-elle —, parlé avec des amies de cette idée de lancer une émission qui pourrait « susciter échanges et débats », le concept de son show s’est presque imposé de lui-même. L’idée : parler de tous les sujets de société — le NLS a traité d’hypersexualisation, d’empowerment, de célibat et d’art oratoire — sans s’imposer quoi que ce soit.

« Faire découvrir des voix plurielles que l’on n’entend pas dans les médias traditionnels »

Mais ce qui importe Nadiya, c’est un peu, grâce à son NLS, d’être loin du système aseptisé de la télé. « Les émissions mainstream répondent en général à un agenda spécifique, réagissent à une actualité souvent déprimante et clivante. Le Nadiya Lazzouni Show ne respecte aucune temporalité, on cherche ainsi à s’affranchir d’une actualité déconnectée de nos préoccupations et besoins immédiats », explique la présentatrice de ce programme hors normes. Ne pas être sujet aux diktats de la télé, c’est aussi la possibilité de pouvoir faire des émissions longues et travaillées, sans se soucier d’une quelconque grille de programmes. Et ainsi de pouvoir traiter des sujets en profondeur. Au final, ce programme, c’est Nadiya qui le résume le mieux : il « bouscule un peu les codes en abordant des sujets parfois tabous que l’on prend le temps d’analyser à travers un prisme inclusif et contemporain ». Et Nadiya a, en plus, un talent pour dénicher des invités intéressants : là où l’on voit toujours les mêmes têtes sur les plateaux de télé, elle veut « faire découvrir ou redécouvrir des voix plurielles et inspirantes que l’on n’entend pas ou peu dans les médias traditionnels ».

Et le concept fonctionne parfaitement. Certes, on n’en est qu’aux balbutiements. Mais « les premiers retours sont très positifs, on a reçu de nombreux messages de soutien mais également des critiques très constructives », affirme Nadiya qui estime que « chaque nouveau numéro est l’occasion de faire de nouveaux ajustements, d’apprendre et d’accueillir de nouveaux talents. » Pour le plaisir des quelques milliers de personnes déjà intéressées au NLS qui, résume encore Nadiya Lazzouni, « s’adresse à tout le monde, à toutes celles et ceux qui souhaitent partager un bon moment loin du tourbillon politico-médiatique qui nous fait perdre de vue nos priorités ». Et c’est sur internet que la jeune femme trouve son équilibre. « La force du web, c’est de nous offrir un espace de liberté et nous permettre d’exister sans demander la permission », estime Nadiya qui compare cette nouvelle façon de faire des émissions au mouvement des radios libres, en 1981. « Internet nous donne une antenne accessible et gratuite pour diffuser nos messages », dit-elle.

« Des émissions qui s’inscrivent toujours dans le partage et le don »

Et cet espace de liberté, il est utile. Indispensable même. « Si les médias indépendants et alternatifs foisonnent, c’est parce que le traitement insatisfaisant de l’information et le manque de représentativité qui caractérise la paysage médiatique français nous y ont poussés et en cela, c’est une bonne nouvelle », affirme Nadiya Lazzouni qui a donc créé sa chaîne, Speak Up Channel. Parce que les personnes issues des minorités — comme les appellent les médias — ne parlent pas assez fort ? « On parle assez fort mais on ne veut pas nous entendre », rétorque l’animatrice du NLS. « Speak Up Channel, c’est un canal qui permet de faire entendre des voix que l’on a voulu rendre aphones mais qui résistent à l’invisibilisation. » Et pour se faire encore un peu plus entendre, Speak Up Channel prépare d’autres émissions, « qui s’inscrivent toujours dans le partage et le don », confie Nadiya, qui a également réalisé des interviews politiques avec « Les candidats face à la banlieue », au moment de la dernière présidentielle.

Un parcours atypique pour cette jeune femme née en Haute-Normandie de parents algériens. Après une enfance passée dans cette région du nord-ouest de la France, Nadiya quitte le domicile familial pour entreprendre des études de droit à Paris avant de devenir juriste dans les secteurs de la banque et de l’assurance. Mais finalement, le droit des affaires, ce n’est pas l’univers de prédilection de Nadiya, qui s’engage alors au sein de la société civile et plus particulièrement, dans le combat contre les discriminations. Il faut dire que l’ex-juriste a toujours été « portée par un idéal de justice et par le besoin d’être utile à l’autre. C’est ce qui la mènera à croiser le chemin de plusieurs ONG spécialisées dans les droits humains et la solidarité internationale. Aujourd’hui, c’est ce besoin d’être utile qui a poussé Nadiya Lazzouni à lancer son NLS, où elle dépense désormais son énergie à faire entendre la voix de ceux qui méritent du temps d’antenne. Bien loin des standards de la télévision.

Actualités en direct

Pourquoi de nombreux musulmans hautement qualifiés choisissent-ils de quitter la France ?

L'étude "La France, tu l’aimes mais tu la quittes"...

Chems-Eddine Hafiz et la mosquée de Paris en plein « doute »

La Grande mosquée de Paris attend la Nuit du doute pour annoncer la date de l'Aïd. L'objectif n'est pas d'observer la Lune mais de s'aligner sur certains pays. Un procédé qui sème la zizanie.

Gaza : la censure de la vérité

La philosophe américaine Judith Butler ne participera pas aux conférences auxquelles elle était invitée, au centre Pompidou, après avoir rappelé que le Hamas était un mouvement de résistance.

Averroès et la solidarité des musulmans de France

En difficulté financière après la rupture de son contrat avec l'Etat, le lycée Averroès a obtenu plusieurs centaines de milliers d'euros de dons.

L’Allemagne récidive, après la Shoah

Le Nicaragua accuse l'Allemagne, devant la Cour internationale de justice, de faciliter le génocide perpétré par Israël à Gaza.

Les brèves

Chems-Eddine Hafiz et la mosquée de Paris en plein « doute »

La Grande mosquée de Paris attend la Nuit du doute pour annoncer la date de l'Aïd. L'objectif n'est pas d'observer la Lune mais de s'aligner sur certains pays. Un procédé qui sème la zizanie.

Gaza : la censure de la vérité

La philosophe américaine Judith Butler ne participera pas aux conférences auxquelles elle était invitée, au centre Pompidou, après avoir rappelé que le Hamas était un mouvement de résistance.

Averroès et la solidarité des musulmans de France

En difficulté financière après la rupture de son contrat avec l'Etat, le lycée Averroès a obtenu plusieurs centaines de milliers d'euros de dons.

L’Allemagne récidive, après la Shoah

Le Nicaragua accuse l'Allemagne, devant la Cour internationale de justice, de faciliter le génocide perpétré par Israël à Gaza.

Israël : la fin de l’impunité ?

Des juges britanniques demandent au Premier ministre Sunak de stopper la vente d'armes à Israël et lui suggèrent de sanctionner les responsables israéliens.

Espagne : vers la reconnaissance de l’Etat palestinien

Le gouvernement espagnol veut reconnaître l'Etat palestinien avant l'été. L'annonce est prévue pour le 9 juin.

Sur fond de génocide en Palestine, l’iftar de la Maison-Blanche annulé

Les invités de l'iftar de la Maison-Blanche ont refusé de rompre le jeûne avec le président Biden qui doit, selon eux, revoir sa position sur Israël.

Editoriaux

Nos Categories