En septembre dernier, l’Association française de normalisation (Afnor) avait créé la polémique avec la mise en place d’une norme halal « expérimentale ». Très critiquée par les instances du culte musulman, particulièrement par la mosquée de Paris et le CFCM, notamment parce que les acteurs actuels du marché n’avaient pas été mis à contribution, elle est finalement abandonnée. Ce jeudi, l’Afnor a décidé de retirer cette norme « volontaire » de son catalogue.
A l’époque, l’Union des mosquées de France (UMF), via un communiqué assassin, faisait part de « sa stupéfaction face à cette démarche de l’Afnor qui s’apparente à une action mercantile incompatible avec la mission d’un organisme de normalisation reconnu d’utilité publique et placé sous la tutelle d’un ministère de la République. »
Du côté de l’Association française de normalisation, on essaie de garder la face en assurant que cette annulation est anodine puisque l’Afnor a supprimé plus de 800 normes l’an dernier. Mais l’organisme n’a en réalité jamais pu s’imposer face aux acteurs du secteur qui s’étaient sentis exclus du projet. L’Afnor assurait de son côté que la commission de normalisation chargée de ce projet était composée d’« industriels de l’agroalimentaire, de fonctionnaires, d’un représentant d’association de consommateurs et de plusieurs représentants des autorités religieuses musulmanes » en France.
Sauf que le CFCM et les organismes de certification des mosquées de Paris, Lyon et Evry ont toujours affirmé s’être retirés des travaux menés par l’Afnor deux ans avant l’annonce de cette norme. La raison ? Le fait qu’un organisme public s’ingère dans une norme touchant au domaine religieux.
La Grande mosquée de Paris demande « un guide de bonnes pratiques dans le domaine du halal » mais assure que « c’est aux responsables du culte musulman de le définir et de le mettre en œuvre, en lien avec les industriels concernés et le ministère de l’agriculture. » L’Afnor indiquait, à la publication de cette norme halal, vouloir apporter une « réponse à un besoin. » Visiblement, le marché du halal n’avait pas besoin de l’Afnor.