Dans une tribune au Journal du dimanche, plusieurs Français musulmans dénoncent une mauvaise organisation de l’Islam de France et appellent à une réforme.
Ils sont conseillers politiques, chefs d’entreprise ou universitaires. Kaci Ait Yala, Tayeb Belmihoub, Abdelnor Chehlaoui, Elyès Jouini… Certains noms sont connus, d’autres non. Leur point commun ? Ils sont tous musulmans et appellent, dans le JDD, à relancer la Fondation des œuvres de l’Islam de France, initiée par Dominique de Villepin il y a plus de dix ans. Leur tribune, intitulée « Nous, Français et musulmans, sommes prêts à assumer nos responsabilités », a fait beaucoup de bruit ces dernières heures. Ces Français musulmans dénoncent « la volonté très claire maintenant de dresser les Français les uns contre les autres » de Daesh, de « détruire la concorde nationale qui tient encore. » Les signataires de cette tribune assurent devoir parler aujourd’hui, « parce que l’Islam est devenue une affaire publique et que la situation actuelle est intolérable. »
L’Islam de France est « mal géré »
Quel message ces musulmans veulent-ils faire passer ? Ils dénoncent tout d’abord « l’impuissance de l’organisation actuelle de l’Islam de France qui n’a aucune prise sur les événements. » Selon eux, « l’Islam de France est — mal — géré par des représentants des pays dont sont issus beaucoup de musulmans français. » Allant dans le sens du Premier ministre Manuel Valls, les signataires de la tribune affirment que « cette organisation avait probablement un sens quand les musulmans étaient des immigrés », mais aujourd’hui, elle n’a plus aucun sens. Nombre de jeunes Français musulmans sont aujourd’hui « la proie d’idéologues de l’Islam djihadiste mais aussi de l’islamisme politique », écrivent-ils, affirmant ensuite que « les représentants traditionnels ne comprennent plus (les jeunes) car ils ne les connaissent pas tout simplement. »
Pour les auteurs de la tribune, il faut donc réformer l’Islam de France. Comment ? En donnant « des sources de financement pérennes et transparentes aux mosquées », en formant et salariant des imams, en faisant « le travail historique, anthropologique et théologique qui permet et permettra encore plus demain d’être français et musulman dans une République laïque. » Surtout, selon eux, il faut mener « la bataille culturelle contre l’islamisme radical, auprès des jeunes et des moins jeunes, avec les moyens de production les plus modernes et les techniques de diffusion des idées et des informations les plus efficaces. » En résumé, « il faut agir et prendre nos responsabilités », écrivent ces personnalités qui veulent répondre favorablement à la société française qui leur demande : « Mais, où êtes-vous ? Que faites-vous ? »
Relancer une institution pour organiser l’Islam de France
Ceux qui ont signé cette tribune estiment aujourd’hui que la France « a besoin » d’une nouvelle organisation pour gérer l’Islam de France. « Une Fondation pour l’Islam de France avait été créée il y a plus de dix ans », rappellent-ils, déplorant qu’elle n’ait « jamais fonctionné. » Pour eux, « il est temps de la réactiver maintenant, de lui donner la capacité de collecter des ressources. » Tous sont unanimes : « Les Français de confession musulmane sont prêts à la relancer, à l’animer, à contribuer à son financement. » Une fondation qui, assurent-ils, pourrait devenir « l’institution qui permettra l’organisation de l’Islam de France. »