Chaque année depuis quatorze ans, c’est le même refrain : la Nuit du ramadan organisée par la Mairie de Paris fait polémique.
L’islamophobie déferle comme bien souvent sous couvert de demande de respect de la laïcité. Avec cette remarque qui circule souvent dans la fachosphère : on interdit les crèches de Noël et l’on autorise une fête musulmane dans un lieu républicain. Pour Samuel Laurent, qui décrypte régulièrement l’actualité avec un fact-checking sérieux, avec la Nuit du ramadan, « la mairie de Paris organise une fête qu’elle revendique comme « culturelle », et qui ne correspond pas à une date précise. »
Le journaliste rappelle que la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905 interdit « d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit. » Avec la Nuit du ramadan, on est bien loin de cela : il s’agit plutôt d’une fête pour une communauté, mais pas religieuse. Un concert oriental et un cocktail d’amandes et de lait n’ont en effet jamais mis en péril la laïcité d’un pays.
Des fêtes juives et chrétiennes aussi…
Surtout, la Mairie de Paris organise régulièrement des célébrations qui concordent avec des fêtes religieuses autres que musulmanes : Hanoukka pour les juifs, « Protestants en fête » pour les chrétiens… Et lorsque les municipalités organisent une conférence en invitant Matthieu Ricard, les laïcards sont peu nombreux à polémiquer. Les Républicains, qui n’hésitent pas à critiquer la tenue chaque année de la Nuit du ramadan, ont également été bien silencieux quand Nicolas Sarkozy est allé rompre le jeûne à la Grande Mosquée de Paris, pour séduire un électorat musulman. Laïcité à géométrie variable, qu’ils disaient…
Nuit du ramadan à Paris, 14 ans de polémiques (ici)