« Nous nous opposons fermement à toute ingérence dans les affaires intérieures de la Chine sous le prétexte des droits de l’homme », a déclaré devant la presse le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, en réponse à une question sur l’intervention de M. Guterres.
S’il n’a pas évoqué publiquement la question du Xinjiang, le patron de l’ONU l’a fait lors de ses discussions avec des responsables chinois lors de sa visite à Pékin la semaine dernière à l’occasion du sommet des Nouvelles routes de la soie, initiative personnelle du président chinois Xi Jinping, a rapporté lundi son porte-parole, Stéphane Dujarric.
« Les droits de l’homme doivent être entièrement respectés dans le cadre du combat contre le terrorisme et dans la prévention de l’extrémisme violent », a déclaré M. Dujarric devant la presse. « Chaque communauté doit ressentir que son identité est respectée », a-t-il ajouté.
Au nom de la lutte contre le terrorisme islamique et le séparatisme, Pékin a mis en place une politique de fermeté au Xinjiang, région où les Ouïghours, une ethnie musulmane apparentée aux Turcs, est majoritaire. Des attentats et des violences ethniques ont endeuillé cette région de plus de 20 millions d’habitants ces dernières années.
Pékin est accusé d’avoir interné jusqu’à un million de Ouïghours dans des camps de rééducation politique. Le régime communiste dément ce chiffre et parle de « centres de formation professionnelle » destinés à lutter contre la radicalisation islamiste.
Selon M. Dujarric, Antonio Guterres a fait savoir aux dirigeants chinois qu’il se tenait aux côtés de sa Haute commissaire pour les droits de l’homme, Michelle Bachelet, qui a demandé à pouvoir se rendre sur place.
Selon des sources onusiennes, les ambassadeurs de plusieurs pays occidentaux et de la Turquie ont rencontré M. Guterres avant son voyage en Chine pour lui demander de soulever la question du Xinjiang durant sa visite à Pékin.
Dans une tribune, Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch, une organisation de défense des droits de l’homme, s’en est pris la semaine dernière à M. Guterres, l’accusant de garder le silence sur les atteintes aux libertés fondamentales, particulièrement en Chine. « A l’inverse, il salue les exploits du développement économique chinois et déroule le tapis rouge au président Xi Jinping », écrivait M. Roth.