Il s’appelle Abudujilili Supi et est originaire de la province du Xinjiang. A l’heure où la Chine vient d’admettre qu’elle internait les Ouïghours dans des camps par centaines de milliers, Supi pensait pouvoir éviter le pire. Après s’être enfui de Chine en 2012, Supi a suivi des études islamiques à l’université al-Azhar du Caire, en Egypte. Cinq ans plus tard, il a rejoint les Emirats arabes unis pour apprendre l’anglais.
Depuis, le jeune homme est installé à Dubaï. Mieux, remarqué pour sa voix, il a été nommé par autorités religieuses de ce pays du Golfe muezzin. Grâce à ce poste, il a donc obtenu un permis de résidence, valable jusqu’en 2021. Mais Supi a finalement été arrêté par des policiers en civil, selon son épouse, juste après la prière de l’après-midi à la mosquée Abdullah bin Rawahah.
« Quand j’ai demandé ce qui se passait, l’un des hommes qui a emmené mon mari m’a dit que tout allait bien, mais depuis, j’ai essayé de joindre mon mari et, à chaque fois que j’essayais, son téléphone était éteint », indique à Middle East Eye son épouse, depuis exilée en Turquie par peur d’être elle aussi arrêtée.
Qu’est-il donc arrivé à Abudujilili Supi ? Selon l’un de ses amis, qu’il a appelé, il affirme être dans un endroit « tenu secret » et affirme « craindre pour sa vie. » La famille de Supi se mobilise : son frère estime que si les Emirats le renvoient en Chine, « ils l’envoient à la mort. » Quoi qu’il en soit, ni ses amis ni sa famille ne savent où est le jeune Ouïghour. Ils pensent cependant que Dubaï compte l’expulser vers la Chine.
Supi ne serait d’ailleurs pas un cas isolé. D’autres Ouïghours, militant actuellement dans plusieurs pays européens, affirment que dix-sept membres de leur communauté ont été expulsés par les Emirats arabes unis vers la Chine ces derniers mois. Une pratique déjà fréquente dans plusieurs pays, comme l’Egypte, le Cambodge, le Népal, la Malaisie et la Thaïlande. L’Allemagne et la Suède, eux, ont annoncé la suspension des expulsions de Ouïghours sur demande de Pékin.