Des Ouïghours de la diaspora ont lancé une campagne sur les réseaux sociaux afin de presser Pékin de fournir des preuves de vie de leurs proches disparus, un certain nombre de membres de cette ethnie turcophone et musulmane étant internés en Chine.
Lancée mardi sur Twitter et Facebook avec le mot-dièse #MeTooUyghur (#MoiAussiOuïghour), cette opération intervient en réaction à la diffusion par un média d’Etat chinois d’une vidéo d’un homme se présentant comme Abdurehim Heyit, un artiste ouïghour disparu.
Ce clip de 26 secondes avait été rendu public après l’affirmation samedi par la Turquie que ce chanteur et poète était décédé en détention. Ankara avait à cette occasion fermement dénoncé le traitement de cette minorité par Pékin, parlant de « honte pour l’humanité ».
Avec environ 10 millions de membres, les Ouïghours constituent la principale ethnie du Xinjiang (nord-ouest de la Chine), une région qui a des frontières communes avec l’Afghanistan. Régulièrement frappée par des attentats meurtriers attribués aux Ouïghours, elle fait l’objet d’une haute surveillance policière.
Jusqu’à un million de personnes, surtout des Ouïghours, y seraient détenus dans des centres de rééducation politique, selon des experts cités par l’ONU et des organisations de défense des droits de l’homme. Pékin dément ces accusations et parle de « centres de formation professionnelle » contre la radicalisation islamiste.
« Les autorités chinoises ont diffusé une vidéo pour prouver que M. Heyit est toujours vivant. Maintenant, nous voulons savoir: où sont des millions de Ouïghours? », a déclaré Halmurat Harri, un Ouïghour basé en Finlande et qui affirme avoir créé le mot-dièse #MeTooUyghur.
Il a indiqué à l’AFP que ses parents avaient été détenus, mais qu’ils avaient été libérés l’an passé.
La campagne #MeTooUyghur a poussé des membres de la diaspora à publier des messages comportant des photos de leurs mère, père, fils, filles ou amis, demandant de leurs nouvelles.
De nombreux Ouïghours ne peuvent contacter leur proches restés en Chine, les appels téléphoniques et les applications de messagerie étant sous stricte surveillance, déclare à l’AFP Rushan Abbas, une militante basée aux Etats-Unis. Elle-même exige une vidéo de sa soeur physicienne « envoyée suivre une formation professionnelle ».
Arslan Hidayat, gendre d’un comédien réputé, a lui posté une vidéo sur Facebook, affirmant que son beau-père avait disparu et réclamant une « vidéo comme preuve de vie » pour lui et les autres personnes « emprisonnées dans des camps de concentrations chinois ».