La nouvelle plateforme d’admission post bac remplaçant APB et mise en place au début de l’année divise toujours sur son efficacité et sa pertinence.
Si l’Education nationale s’est félicitée mardi des bons chiffres d’admission sur Parcoursup (551 274 (68 %) élèves ont reçu une proposition d’admission et 260 781 autres (32 %) sont en attente), les élèves eux, sont de plus en plus inquiets et en colère car beaucoup n’ont toujours pas d’affectation.
Et selon deux syndicats d’enseignants et le président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel (PS), la situation serait pire encore dans les lycées de banlieue.
63 % des élèves d’une classe de terminale de Stains (93) n’ont reçu aucune proposition
Selon le SNES-FSU, Parcoursup est « discriminatoire » envers les élèves de l’académie de Créteil. Sud Education dit craindre « que Parcoursup porte particulièrement préjudice aux lycéen-ne-s du 93 et des départements les plus défavorisés ».
Des inquiétudes également partagées par des élus comme l’ancienne ministre George Pau-Langevin et la maire d’Aubervilliers Meriem Derkaoui.
Pour les élèves de nos quartiers populaires, nus craignions que #ParcoursSup ne soit un outil de sélection à leur encontre. @StephanTroussel a poussé un cri d’alarme pour les jeunes de @seinesaintdenis ! @VidalFrederique, il y a urgence à rassurer les familles. #QAG
— George Pau-Langevin (@Pau_Langevin) 29 mai 2018
La Municipalité ne peut pas rester spectatrice de ce tri social opéré par #ParcoursSup qui renforce les inégalités déjà criantes dans le système éducatif ! Notre commune doit être un territoire de réussite pour toutes et tous. https://t.co/Lit4QMLuej
— Meriem Derkaoui (@Meriem_Derkaoui) 28 mai 2018
Et pour cause, un sondage de Sud Education réalisé auprès d’enseignants révèle que 63 % des élèves d’une classe de terminale de Stains (Seine-Saint-Denis) n’avaient reçu aucune proposition la semaine dernière.
Un chiffre qui s’élève à 71 % en moyenne dans plusieurs classes d’un lycée professionnel de Saint-Denis. Tandis qu’à Sceaux (Hauts-de-Seine), une classe de terminale littéraire ne présentait aucun élève sans réponse.
« Il y a une discrimination soit par origine de ville, soit par lycée d’origine »
Des disparités qui seraient dues au nouveau système d’admission dans lequel les élèves doivent systématiquement écrire une lettre de motivation, fournir un CV et faire figurer leur lycée d’origine dans les dossiers. Les universités auraient ainsi pu utiliser le lycée d’origine pour départager des candidats.
« Les bons élèves des classes des quartiers défavorisés n’ont pas de résultat, cela montre bien qu’il y a une discrimination soit par origine de ville, soit par lycée d’origine » rapporte à France Bleu Julie Le Mazier, membre de Sud Education et professeure dans le Val d’Oise.
Le président du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel a interpellé la ministre de l’Enseignement supérieur dans une lettre le 25 mai pour demander de la « transparence ». Il a ainsi demandé que soient rendus publics les « algorithmes locaux » de la plateforme.
La ministre lui a rappelé sur Twitter que l’algorithme de Parcoursup a déjà été rendu public. Elle a également tenté de dissiper les craintes en rappelant que chaque formation doit désormais fixer un taux d’élèves « hors académie » à accueillir et un taux d’élèves boursiers, pour favoriser la mixité.
Une déclaration qui ne rassure pourtant pas. Ce matin, les élèves du lycée Paul Eluard de Saint-Denis, dont 65% d’entre eux n’avaient pas de proposition en première semaine contre 50% au niveau national, ont décidé de bloquer les grilles d’entrée de leur établissement. « Notre avenir en attente », « Parcoursup : le rêve se fait attendre », pouvait-on lire sur les banderoles.