A quelques semaines des élections législatives, prévues pour le 15 mars prochain, Mark Rutte, le Premier ministre des Pays-Bas puise son inspiration chez l’un de nos ex-présidents. Dans une lettre ouverte publiée hier par différents médias nationaux, le chef du gouvernement et leader du Parti populaire libéral et démocrate (VVD, droite) a lancé un ultimatum à « ceux qui refusent de s’adapter et qui critiquent nos valeurs » : « se comporter normalement ou quitter le pays ». Certes, la ficelle électoraliste est assez grosse pour ne pas être décelée : en musclant son discours sur l’immigration et sur l’Islam, visés en priorité, le Premier ministre espère capter les intentions de vote de Néerlandais de plus en plus séduits par la rhétorique du parti d’extrême droite de l’inénarrable Geert Wilders, le Parti pour la Liberté (PVV).
Yeux doux au PVV de Geert Wilders
Selon Rutte, ses concitoyens sont « de plus en plus incommodés » par ceux qui « abusent des libertés » nouvelles acquises à leur arrivée aux Pays-Bas, soulignant que certains « harcèlent les homosexuels », « sifflent les femmes en mini-jupe » ou « qualifient des citoyens ordinaires de racistes ». « Si vous rejetez autant ce pays, alors je préfère autant que vous le quittiez », a-t-il notamment écrit dans sa lettre. Tentant d’apporter ne solution à ce problème, le chef du VVD n’entend « pas mettre tout le monde dans le même sac, ou insulter ou expulser des groupes entiers ». Mais il s’agit désormais de « définir clairement ce qui est normal de ce qui ne l’est pas dans notre pays » et de « défendre activement nos valeurs ». Dans un autre entretien publié également ce lundi par Algemeen Dagblad, un quotidien de Rotterdam, Mark Rutte persiste et signe : « Si vous vivez dans un pays où la façon de traiter les individus vous exaspère, vous avez le choix : partez, vous n’avez rien à faire ici ».
Même si les intentions de vote placent le PVV de Geert Wilders en tête des sondages, le Premier ministre – auréolé du crédit apporté par la reprise économique suite à la crise financière de 2008 et qui rêve d’un troisième mandat à la tête du gouvernement – a indiqué qu’il ne les solliciterait pas pour une quelconque alliance pré- ou post-électorale. Ce qui n’empêche toutefois pas ce dernier de faire une incursion dans le terrain de chasse du député xénophobe, qui lui a sèchement répondu sur Twitter : « L’homme des frontières ouvertes, du tsunami des demandes d’asile, de l’immigration de masse, de l’islamisation, ment et trompe ». Ou comment faire fructifier sa popularité sur le dos des immigrés et des Musulmans.