Dans un établissement jésuite à Paris, dix cas d’attouchements sexuels ont été enregistrés après 40 ans de silence. Une des victimes, Jean-Pierre Martin-Valasse, a contacté d’anciens élèves et envoyé un rapport détaillé au Vatican. Aujourd’hui une enquête va s’ouvrir sur ce sujet.
L’histoire commence en 2010, lorsqu’un ancien élève, Jean-Pierre Martin-Vallas, dénonce des attouchements dont il a été victime dans un établissement jésuite de Paris dans les années 1960. Des actes commis par un aumônier, le père L, aujourd’hui décédé. A son propos, il déclare : « Quand il est passé devant moi, il est entré dans mon lit et a commencé à me caresser le torse sous la veste de mon pyjama, puis il a passé sa main à l’intérieur de ma culotte de pyjama sur les fesses. » Bien que ces attouchements aient eu lieu à l’âge 8 ans, Jean-Pierre Martin-Vallas a décidé de n’en parler que lorsqu’il a eu 65 ans, après la disparition de ses parents qui étaient proches de l’accusé.
L’administration gênée par l’affaire
Après avoir récolté une dizaine de témoignages d’anciens élèves de son établissement, Jean-Pierre Martin-Vallasse les transmet à l’école jésuite et réclame l’ouverture d’une enquête pour révéler au grand jour les abus du père L. Mais l’enquête ne démarrera jamais. L’affaire remonte alors jusqu’au provincial, le supérieur de la Compagnie des jésuites de France. Lui non plus n’engage aucune démarche. Il s’explique aujourd’hui : « J’estime que quarante ans après ces faits, ces enfants doivent avoir trouvé un équilibre de vie satisfaisant, qu’il n’y a pas lieu de les perturber. De plus, ce prêtre étant mort, il n’y a aucun intérêt à faire une enquête. »
Mais aujourd’hui, il avoue qu’il y avait une certaine frilosité des Jésuites à dévoiler l’affaire. « Ça avait fait peur au début quand Jean-Pierre avait parlé d’une commission d’enquête. On s’était dit : ‘On n’est pas des enquêteurs professionnels, on ne sait pas comment s’y prendre. Mais il faut étudier ça de près’. » Aujourd’hui, le haut responsable, le père Grenet déclare : « Une chose est sûre, j’envisage de dire aux personnes qui ont été victimes que nous sommes disponibles pour les entendre. Est-ce que je dois faire une enquête ? Honnêtement, je ne peux pas vous répondre aujourd’hui. » Jean-Pierre Martin-Vallasse estime que ces déclarations sont « une échappatoire » pour éviter d’ébruiter l’affaire.