Dans un entretien passionnant donné à l’édition française Middle East Eye, Pierre Conesa, l’auteur de « Dr Saoud et Mr Djihad », aux éditions Robert Laffont, dresse un portrait effarant de l’Arabie Saoudite qui a pour principale mission, explique-t-il, la diffusion de la doctrine wahhabite. Pour cet ancien haut fonctionnaire, parler du « problème saoudien » est presque tabou en France. « Les débats sur la diplomatie religieuse de l’Arabie saoudite sont très vifs dans les pays arabo-musulmans, ils sont musclés aux États-Unis et inexistants en France », explique-t-il à Middle East Eye, affirmant avoir été traité de « Saoudophobie » dans une note du quai d’Orsay. La raison est évidente : « le salafisme saoudien est le seul radicalisme religieux qui a été soutenu avec autant de constance et de moyens par l’argent public et les moyens publics d’un Etat », résume Pierre Conesa pour qui « l’arrière-fond de cette hésitation française se trouve dans la promesse des ’10 milliards de dollars’ de contrats que l’Arabie saoudite fait miroiter à la France depuis des années. » Or, il faudrait, ajoute l’ancien haut fonctionnaire, prendre du recul et étudier la « diplomatie religieuse. » Mais selon Pierre Conesa, toute critique de l’Arabie Saoudite est difficile à faire, pouvant être assimilée à de l’islamophobie. Il faut passer outre, résume l’auteur, puisque l’Arabie Saoudite « est la caricature de cette religion, c’est la ‘Corée du Nord de l’Islam’ : tout y est faux, sans foi, il n’y pas de véritable débat spirituel approfondi. »
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