Ce jeudi, devant sa fille Maryam présente sur place et face au juge qui avait déjà refusé sa première demande de mise en liberté en février dernier, Tariq Ramadan a une nouvelle fois plaidé sa cause. L’islamologue a été offensif : « Je n’ai pas à fuir, je suis totalement innocent de ce dont on m’accuse », a-t-il dit lors d’une audience devant la cour d’appel de Paris qui intéressait peu la presse tant les refus de mise en liberté se sont succédés ces derniers mois. La première nouvelle étonnante fut le fait que l’audience soit publique alors que la partie civile avait demandé le huis-clos. Au terme de cette audience, à la surprise générale, après plus de neuf mois passés en prison et après avoir essuyé de nombreux refus de mise en liberté, Tariq Ramadan va donc sortir de sa détention provisoire. Il avait demandé aux juges de prendre leur décision en leur « âme et conscience, non pas parce que je m’appelle Tariq Ramadan et qu’on m’a diabolisé dans ce pays. »
« Pour le parquet général, la question du consentement n’était pas le sujet »
Lors de l’audience, il a été question de l’état de santé de Tariq Ramadan, des risques de pressions et de fuite à l’étranger. Les avocats de deux camps ont eu des échanges virulents. « J’irais fuir où ? Alors que tout va vers mon innocence, a quant à lui demandé l’islamologue. Je vais rester en France et défendre mon honneur et mon innocence. » Dans sa plaidoirie, l’avocat a notamment relu les messages des deux présumées victimes, que ces dernières n’ont jamais contestés, et expliqué que la nature de ces messages attestait le fait qu’il n’y ait, selon lui, pas eu viol. Le parquet général a malgré tout, une fois encore, tenté de garder Tariq Ramadan en détention provisoire, avant que la cour d’appel ne statue en la faveur de l’islamologue. « A bout d’arguments, le parquet général de la cour d’appel de Paris, face aux éléments, a même été jusqu’à dire que le consentement des plaignantes n’était pas le sujet », déplore Me Emmanuel Marsigny.
Quand aura réellement lieu la mise en liberté ?
La défense de Tariq Ramadan confirme au MuslimPost les conditions de la mise en liberté : un cautionnement de 300 000 euros, des interdictions de quitter le territoire français et d’entrer en contact avec les plaignantes ainsi qu’un pointage hebdomadaire au commissariat. La question est désormais de savoir quand Tariq Ramadan recouvrera la liberté. Il faudra semble-t-il encore plusieurs heures avant qu’il ne sorte de prison. Son avocat doit obtenir le verdict écrit de la cour d’appel puis régler la caution de 300 000 euros qui sera versée par chèque dans la journée par la Caisse autonome de règlement pécuniaire des avocats (CARPA). Tariq Ramadan devrait ensuite être exfiltré de l’établissement de Fresnes en toute discrétion. Après ce retournement de situation, la défense pourrait désormais envisager de déposer une plainte pour dénonciation calomnieuse contre les présumées victimes.