Hier, on a entendu ce nom à plusieurs reprises dans la bouche des deux candidats. Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont mutuellement accusés d’accointance avec l’UOIF. Du côté de l’Union des organisations islamiques de France, on a dû être honoré. Même si l’association a récemment changé de nom — elle s’appelle désormais Musulmans de France — pour adoucir son image. Mais ce n’est pas avec le débat du second tour qu’elle réussira à faire oublier son ancien nom… Car l’UOIF est devenue un argument électoral. La faute, selon Marine Le Pen particulièrement, à une proximité entre l’Union et les Frères musulmans. « Avec le salafiste, le Frère musulman incarne une sorte de ‘mauvais musulman’, dangereux repoussoir, suspecté de vouloir faire passer la France sous la bannière religieuse et politique d’un Islam réactionnaire et antirépublicain », résume Libération dans un très bon article sur les Frères pour expliquer l’aversion des Français pour la confrérie.
L’UOIF, une organisation qui fait peur
Les deux candidats n’ont donc pas hésité à parler de l’UOIF sur la question de l’« Islam radical. » Mais pas seulement. Marine Le Pen a prononcé le nom de cette organisation dès qu’elle le pouvait, même dans sa phrase de conclusion. Objectif, donc : faire peur aux Français. La candidate du FN a notamment accusé son rival du second tour d’avoir « reçu le soutien de l’UOIF. » Il est vrai que l’Union des organisations islamiques a bien appelé à voter contre Marine Le Pen. Mais l’association rappelle qu’elle n’a « pas de liens particuliers » avec Emmanuel Macron. Ce dernier s’est lui aussi emparé de ce sujet, accusant le Front National d’avoir débattu aux côtés d’un membre de l’UOIF. Effectivement, Louis Aliot, le compagnon de la candidate FN, a été vu aux côtés de Camel Bechikh, proche de l’Union que Marine Le Pen qualifie pourtant d’« organisation de fondamentalistes. » Quoi qu’il en soit, les deux candidats ont martelé qu’ils ne soutenaient pas l’UOIF. Tous deux envisageraient d’ailleurs volontiers la dissolution de l’UOIF. Pour Marine Le Pen, si elle arrive à l’Elysée, cette décision est d’ailleurs actée. Pour Emmanuel Macron, il faut d’abord des preuves. « Si l’UOIF prononce, invite, mène des activités contraires aux lois de la République, je la ferai interdire », indique le candidat d’En Marche ! L’organisation musulmane aura été l’un des principaux enjeux du débat électoral, Marine Le Pen et Emmanuel Macron oubliant ainsi de parler du wahhabisme et des relations qu’ils entretiendraient avec l’Arabie Saoudite s’ils arrivaient au pouvoir. Une Arabie Saoudite qui, comme Marine Le Pen et Emmanuel Macron, verrait bien les Frères musulmans disparaître… Voilà qui leur fait, à tous, un point commun.