La remise des Prix de la laïcité par Manuel Valls et Anne Hidalgo a été l’occasion pour une journaliste voilée de montrer qu’il est difficile de vivre sa religion librement.
Ce lundi 26 octobre, la laïcité était à l’honneur, avec la 10e cérémonie des Prix de la laïcité à l’Hôtel de Ville de Paris. Une belle initiative. Ou presque. Car si Manuel Valls a indiqué, en clôture de la cérémonie, que « les croyants n’ont pas à imposer leur croyance et ceux qui ne croient pas ne doivent pas empêcher les autres de pratiquer leur foi », dans la pratique, les choses ont été pour le moins différentes. Une journaliste de Zaman France – voilée – venue couvrir l’événement a en effet vécu une soirée rocambolesque.
« Enlevez votre voile »
« Munie de ma carte de presse, je me suis naturellement présentée à l’entrée de l’Hôtel de ville », décrit la journaliste. Après une période d’attente, Suheda Asik est accostée par un agent d’accueil qui lui demande si elle est « vraiment obligée de garder ça sur (sa) tête. » En parlant du voile, bien entendu. L’homme insiste : « Vous êtes à l’Hôtel de Ville ici, il faut respecter. Nous vous avons laissée entrer, vous pourriez l’enlever par égard pour nous. » Rappelons qu’aucune loi n’interdit le port du voile dans une mairie.
L’incident aurait pu s’arrêter là si une autre membre du staff n’avait pas ordonné à la journaliste : « Enlevez votre voile ! » Le responsable de cette femme lui fait alors subir un interrogatoire avant de poser la question qui fâche, « sceptique » comme le décrit Suheda Asik : « Et vous traitez de la laïcité, vous ? » La soirée de remise des prix de la laïcité n’aura eu de laïque que son nom. Finalement, le philosophe et psycho-sexologue David Simard avait raison en écrivant que l’argument de la laïcité est souvent avancé pour couvrir un racisme qui ne dit pas son nom.
Les mésaventures d’une journaliste voilée à la remise de prix de la laïcité (ici)