Dans un entretien à l’AFP, l’envoyé qatari Mohammed el-Emadi a indiqué qu’une nouvelle tranche de 10 millions de dollars d’aide était distribuée dimanche à 100.000 familles pauvres de Gaza, qui est sous le contrôle du Hamas.
Ce versement est le dernier en date du Qatar pour aider à payer le carburant, l’électricité et des denrées à la population de Gaza, l’émirat du Golfe ayant prévu une enveloppe totale de 330 millions de dollars dans le cadre d’accords plus larges négociés sous l’égide de l’ONU et l’Egypte qui prévoient l’allégement du blocus d’Israël sur l’enclave palestinienne en échange d’un calme relatif à la frontière.
Plus de 150 millions de dollars ont déjà été versés et s’ajoutent à des montants importants payés ces dernières années par le Qatar pour Gaza, enclave de deux millions de Palestiniens à l’économie minée et avec un taux de chômage avoisinant les 52%, selon la Banque mondiale.
« L’argent est essentiel (…) car sans cela Gaza se retrouverait dans une position où plus personne ne peut survivre ou vivre », a déclaré M. El-Emadi lors d’un entretien samedi soir dans son bureau de Gaza, à l’hôtel al-Mashtal.
« Nous savons que la situation est très mauvaise. C’est pourquoi notre argent aide (la population) et aide à prévenir une nouvelle guerre. »
Les millions ne sont pas « la seule aide » du riche émirat à Gaza, nuance-t-il. « Il y a l’aide, les communications, l’information (…) Et nous nous coordonnons directement avec les personnes qui peuvent prendre des décisions. »
Un accord avec Israël pour alléger le blocus sur Gaza était intervenu en mai après des mois de violences opposant le mouvement islamiste palestinien et l’Etat hébreu, qui se sont livré trois guerres depuis 2008.
Une guerre « catastrophique »
Depuis le début du mois d’août, des tirs de roquettes et des tentatives d’infiltration de Palestiniens depuis Gaza, ainsi que des frappes de représailles de l’armée israélienne ont menacé la trêve entre le Hamas et Israël qui se prépare par ailleurs à des élections législatives prévues le 17 septembre.
Selon des observateurs, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu cherche à éviter une escalade dans l’enclave afin d’assurer une stabilité relative lors des élections, mais certains de ses adversaires politiques appellent à des actions plus musclées contre le Hamas.
De son côté, le mouvement islamiste n’a pas revendiqué les derniers tirs de roquettes ou tentatives d’infiltration d’hommes armés en Israël, une façon de pousser Israël à des concessions pour améliorer le sort des Gazaouis sans toutefois faire voler en éclats la trêve, estiment nombre d’analystes.
Pour l’envoyé spécial du Qatar, les conditions ne sont pas réunies, à l’approche d’échéances électorales israéliennes, pour discuter d’une solution à plus long terme pour la bande de Gaza, qui se remet encore de la dernière guerre, en 2014, contre Israël.
« En l’état actuel des choses, une nouvelle guerre à Gaza serait catastrophique pour l’enclave et sa population », remarque M. El-Emadi qui dit avoir eu des rencontres avec les branches politique et militaire du Hamas et des entretiens séparés avec des responsables israéliens.
Le Qatar, comme la plupart des pays arabes, n’a pas de relations diplomatiques formelles avec Israël, et son envoyé spécial a refusé de spécifier l’identité de ses interlocuteurs côté israélien.
L’émirat est l’un des rares alliés internationaux du Hamas, organisation qui n’a jamais reconnu Israël et reste sur les listes noires européennes et américaines des entités terroristes.
Le soutien qatari en carburant a permis de faire passer à environ 10 heures par jour l’électricité publique fournie à Gaza, contre quatre heures en moyenne auparavant selon l’ONU.
La trêve a aussi permis de relever la zone de pêche des Gazaouis en Méditerranée et le dossier des permis de travail en Israël a aussi été abordé, selon M. Emadi.
Interrogé sur les motivations réelles du Qatar, soupçonné de vouloir accroître son influence régionale au détriment de ses rivaux comme l’Arabie saoudite, l’envoyé spécial se cantonne à une réponse humanitaire: « Notre préoccupation, c’est les gens, c’est de sauver des vies, d’améliorer les conditions de la population ».