« Les pays arabes qui ont rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar ne l’ont pas fait à cause d’Israël ni à cause du problème palestinien, mais en raison de leur peur du terrorisme islamique radical. » Avant-hier, le ministre de la défense Avigdor Lieberman a défendu son pays en assurant qu’Israël n’y était pour rien dans le QatarBan qui a provoqué un tremblement de terre dans les pays du Golfe. On a du mal à y croire, notamment après la récente visite de Donald Trump en Arabie Saoudite puis en Israël, qui a pu servir de catalyseur dans cette décision de Riyad de couper les liens avec Doha. Aujourd’hui, le front commun qui est en train de se dessiner contre l’Iran semble se diriger vers une union contre-nature entre Israël et de nombreux pays arabes à majorité sunnite. Bien avant le QatarBan, l’Etat hébreu s’était rapproché un peu plus de l’Arabie Saoudite. Mais officieusement seulement. Car officiellement, tous les pays qui viennent de rompre leurs relations diplomatiques avec le Qatar n’envisagent pas de discuter avec Israël avant que le conflit israélo-palestinien ne soit réglé par la mise en place de deux Etats avec les frontières de 1967.
Mais tous ont, en tout cas, un allié commun : Donald Trump. L’Arabie Saoudite — comme Israël d’ailleurs — a très mal vécu la fin du mandat de Barack Obama. Nouvellement élu, Trump n’a jamais caché sa volonté de créer un front commun contre l’Iran. Son discours dans les pays du Golfe le prouve. Et Israël pourrait très bien faire partie de ce front inédit. Depuis plusieurs mois, Riyad a envoyé de nombreux signes d’apaisement à Tel-Aviv. L’été dernier, le député israélien Esawi Freige, du parti de gauche Meretz, assurait déjà d’ailleurs que « les Saoudiens veulent s’ouvrir à Israël. » Et Avigdor Lieberman, lui, vient de déclarer qu’il y avait de « bons côtés » au QatarBan. « Les Etats arabes comprennent que le véritable danger pour la région n’est pas Israël mais l’Iran », explique fièrement le ministre de la Défense, qui lance un véritable appel du pied aux pays du Golfe. « Israël est plus qu’ouvert à ce sujet, et la balle est désormais dans l’autre camp », dit-il. On pourrait donc voir se dessiner un nouvel axe Israël-Arabie Saoudite anti-Iran de plus en plus concret dans les mois à venir. Et ce, malgré la colonisation israélienne toujours grandissante dans les territoires palestiniens.