En Allemagne, la droite populiste a réalisé de bons scores lors des élections régionales qui concernaient trois Länders. Qui est ce jeune parti qui vient de faire un bond impressionnant dans le paysage politique allemand ?
23 %. C’est le score en Saxe-Anhalt d’Alternative pour l’Allemagne (AfD), le parti de la droite populiste qui a fait un bond ce week-end outre-Rhin lors d’un scrutin régional qui concernait les Länders de Bade-Wurtemberg, de la Rhénanie-Palatinat, et, donc, de la Saxe-Anhalt. Dans un pays marqué dont l’Histoire a été marquée par des heures sombres lors du IIIe Reich, on a toujours pensé que l’extrême droite ne pourrait plus y faire son nid. Les exemples récents — le NPD, proche des néo-nazis dans les années 1960 et dans les années 1980, les Republikaner dans les années 1990 ou, plus récemment, la DVU — n’ont été qu’éphémères. Mais AfD pourrait bien devenir un contre-exemple, même si dans aucun des Länders, le parti n’a pu terminer premier.
Des liens avec les néonazis
Cependant, le parti est encore très jeune. Et l’Allemagne pourrait avoir à vivre avec l’AfD comme la France vit avec le Front National depuis plusieurs décennies. Un parti qui, comme le FN, a misé beaucoup sur l’euroscepticisme. Mais aussi sur un discours populiste. « Nous ne sommes pas devenu un parti protestataire, malgré ce qu’on dit, mais protester c’est le début d’une nouvelle politique tout comme s’éloigner des autres partis à qui on ne fait plus confiance », résume la présidente Frauke Petry, qui estime que le peuple allemand a, ce week-end, dit « oui à une nouvelle force politique. »
Une force politique qui a misé sur Frauke Petry, une quadra au look catho, dont la ressemblance avec les néonazis ne saute pas franchement aux yeux. Pourtant, cette femme a fait, l’été dernier, un véritable putsch au sein de son parti, jugeant son fondateur, Bernd Lücke, pas assez à droite. En 2013, alors qu’il n’existe que depuis six mois, Afd manque de peu de faire une entrée remarquée au Bundestag. Mais Frauke Petry veut élargir le champ de contestation du parti. Depuis que Lücke a quitté son poste, les langues se sont déliées. Une partie d’AfD serait proche de Pegida, le mouvement anti-Islam, alors que Björn Höcke, un des dirigeants de la formation, serait un proche des néonazis.
Un parti qui ne veut pas des migrants
Car à l’origine, Alternative für Deutschland a une ligne claire : il est un parti eurosceptique, rien de plus. Mais petit à petit, la formation évolue… Dans sa ligne de mire : la politique migratoire d’Angela Merkel. La crise des réfugiés et l’accueil de plusieurs centaines de milliers de migrants déplaît au parti de droite. Frauke Petry veut rallier les déçus de la CDU, le parti de la chancelière, dans son parti qui dénonce, comme le FN, les aides sociales fournies aux migrants. L’une des mesures proposées par AfD ? Que les policiers puissent, en cas d’urgence, faire usage d’armes à feu pour « empêcher les migrants d’entrer dans le pays. » Tout un programme !