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La réélection de Netanyahu, un (très) mauvais signe pour la Palestine

Après avoir remporté les législatives de mardi, Benjamin Netanyahu devrait être chargé de former le prochain gouvernement israélien. Prochainement pourrait aussi être présentée la proposition attendue depuis des mois de la part de l’administration Trump, grande alliée de M. Netanyahu, pour résoudre le conflit israélo-palestinien.

Quel gouvernement israélien ?

Il risque de beaucoup ressembler au précédent, considéré comme le plus à droite de l’histoire d’Israël.

Il devrait comprendre des partis qui, dans une large mesure, sont favorables à l’annexion d’une partie, sinon la totalité, de la Cisjordanie. Dans les plans de paix faisant référence pour la plus grande partie de la communauté internationale, la Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967, ferait partie avec la bande de Gaza d’un Etat palestinien indépendant qui aurait Jérusalem-Est pour capitale et coexisterait avec Israël. C’est la solution dite à deux Etats.

Depuis 1967, les juifs se sont établis en nombre en Cisjordanie. Environ 400.000 Israéliens vivent aujourd’hui, souvent de manière conflictuelle, avec 2,7 millions de Palestiniens sur ce territoire coincé entre Israël et Jordanie. La colonisation est illégale au regard du droit international.

Quelques jours avant les élections, M. Netanyahu a causé la surprise en se disant prêt à annexer les colonies, s’éloignant encore davantage de la solution à deux Etats.

La composition du gouvernement israélien est de nature à avoir un impact aussi sur la bande de Gaza. Gaza, est soumise depuis plus de dix ans à un blocus israélien supposé contenir le mouvement islamiste Hamas, ennemi d’Israël qui dirige l’enclave. Israël et le Hamas se sont livré trois guerres et les accès de tensions sont chroniques.

M. Netanyahu passe pour chercher à éviter une confrontation majeure. Mais le prochain gouvernement pourrait voir revenir Avigdor Lieberman, qui avait démissionné en novembre en reprochant à M. Netanyahu d’être trop faible avec le Hamas.

Quel avenir pour l’effort de paix?

M. « Netanyahu a travaillé de manière assidue à enterrer les perspectives d’un Etat palestinien viable », juge Hugh Lovatt, expert au centre de réflexion European Council of Foreign Relations, pour qui le « processus d’annexion en sous-main est déjà bien en cours ».

Il prédit une « crise diplomatique majeure avec l’Europe » en cas d’annexion des colonies, « même si le prix (d’une telle crise) n’est pas encore clair ».

Ahmed Majdalani, haut responsable palestinien en Cisjordanie, juge que le nouveau gouvernement « raciste » israélien « enterrera » la solution à deux Etats.

Depuis 2014, les négociations sont rompues entre Israël et l’Autorité palestinienne, entité intérimaire reconnue par la communauté internationale et censée préfigurer un Etat palestinien.

Le soutien à la solution à deux Etats s’est érodé dans les opinions israélienne et palestinienne. La colonisation s’est poursuivie depuis 1967 et la violence entre Israéliens et Palestiniens persiste, avec une intensité variable.

Une initiative américaine annoncée depuis des mois ramènerait l’effort de paix dans l’actualité diplomatique.

A quand le plan américain ?

Donald Trump a salué la réélection de son « ami » Netanyahu comme augmentant les chances d’aboutir à la paix.

Depuis son arrivée à la Maison blanche il y a deux ans, il a multiplié les décisions pro-israéliennes, jetant aux orties des décennies de consensus diplomatique, reconnaissant Jérusalem comme la capitale d’Israël en décembre 2017 et, en pleine campagne électorale israélienne, la souveraineté de l’Etat hébreu sur la partie du Golan syrien annexée par Israël.

L’administration Trump a dit qu’elle publierait son plan après les élections israéliennes. Le contenu en est jalousement gardé.

Les Palestiniens semblent avoir des raisons d’être inquiets. Le secrétaire d’Etat Mike Pompeo a refusé mercredi de réitérer le soutien des Etats-Unis à la solution à deux Etats et de dire si les Etats-Unis s’opposeraient à l’annexion des colonies.

Quelles réactions ?

Le président palestinien Mahmoud Abbas a coupé les ponts avec l’administration Trump depuis l’annonce américaine de décembre 2017 sur Jérusalem.

Meurtris par l’engagement américain à tout crin derrière Israël et les vexations successives, les Palestiniens disent rejeter le plan américain avant de l’avoir vu.

Ce plan est « une tentative de la part des Etats-Unis et d’Israël de faire passer par la force une solution unilatérale », dit Ahmed Majdalani, proche du président Abbas.

Les responsables américains promettent une initiative équilibrée où les deux camps devront faire des compromis.

M. Netanyahu irait au-devant des critiques de ses alliés s’il cédait sur la colonisation.

Bezalel Smotrich, membre d’une alliance nationaliste religieuse qui devrait faire partie de la majorité, a affirmé mercredi que M. Netanyahu « peut réfléchir au plan de Trump mais s’il en fait la promotion, il n’aura pas de gouvernement de droite ».

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