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Pourquoi la relation d’amitié entre la Turquie et le Qatar passe mal

En plus de pointer du doigt l’Iran et le Qatar, l’Arabie Saoudite et ses alliés ont décidé de prendre à partie un Etat tiers : la Turquie (Tout savoir sur la crise du Qatar – Arabie Saoudite). Il faut dire qu’entre le Qatar et la Turquie, les relations ont toujours été au beau fixe, ce qui peut agacer les Saoudiens qui, entre autres exigences, demandent à Doha de « mettre un terme à la présence militaire turque au Qatar et à la coopération turque au Qatar. » Une demande qui a de quoi surprendre. « Nous avons une relation très fortes avec le Qatar », avait indiqué Ahmet Demirok, l’ambassadeur turc à Doha, après que l’émir du Qatar avait soutenu Erdogan lors de la tentative de coup d’Etat qui l’avait visé. Selon Demirok, la relation amicale entre le Qatar et la Turquie s’explique assez simplement : « Nous n’avons pas de contentieux historique, nous avons des similitudes culturelles et la relation entre nos dirigeants est excellente. » Mais que vient donc faire la Turquie dans la crise diplomatique du Golfe ?

Entre Ankara et Riyad, des divergences sur la Syrie

En réalité, Riyad veut là envoyer un message fort à Erdogan : il y a un an, l’Arabie Saoudite avait convoqué l’ambassadeur turc à Riyad pour lui parler de la position turque en Syrie. Pourtant alliés dans la guerre syrienne, Ankara et Riyad ont, petit à petit, vu naître des divergences. Comme en août 2016, lorsque la Turquie s’est engagée à coopérer avec l’Iran en vue d’une résolution du conflit en Syrie. Si les positions turque et iranienne sont diamétralement opposées, les deux pays se rejoignent sur certains points. « Il y des questions sur lesquelles nous sommes d’accord, en particulier sur l’intégrité territoriale », indiquait à l’époque le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu. En 2014, Ankara et Doha avaient signé un accord pour établir une base militaire turque et pour l’entraînement et la formation des soldats qataris. Malgré une coopération de plus en plus étroite entre la Turquie et l’Arabie Saoudite, le royaume wahhabite a donc décidé de prendre à partie l’Etat dirigé par Erdogan.

L’arrivée de Trump à la Maison-Blanche pas étrangère à la demande saoudienne

Les pressions américaines dans ce dossier ne semblent pas étrangères à cette exigence de la part des Saoudiens de voir Doha et Ankara rompre leur coopération militaire. En effet, entre Donald Trump et Recep Tayyip Erdogan, la crise est latente : le premier soutient les Kurdes dans la guerre contre Daesh, les Etats-Unis finançant et armant ce groupe que craint Ankara. Ensuite, l’administration Trump a refusé d’extrader Fethullah Gülen, qu’Erdogan accuse d’avoir fomenté le coup d’Etat avorté en Turquie. Côté saoudien, on ne supporte pas que la Turquie soutienne le Qatar. « Nous ne trouvons pas bonnes les sanctions prises contre le Qatar », avait osé déclarer le président turc, qui a assuré vouloir « poursuivre et développer » les relations avec son pays ami. Il faut dire que, économiquement, les relations entre Ankara et Doha sont excellentes : 13 milliards de dollars de contrats de construction ont été signés avec des sociétés turques et, depuis le début de la crise, les produits turcs ont envahi les supermarchés du Qatar pour pallier au blocus saoudien. Autant dire que Doha n’est pas prêt à vouloir mettre fin à la coopération qui l’unit avec Ankara.

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