Entre les politiques français et le Qatar, les relations ont longtemps été ambiguës. Un livre, « Nos très chers émirs », révèle les cadeaux faits par le royaume aux dirigeants de l’Hexagone.
Ce n’est un secret pour personne mais ça va mieux en le disant. Ou plutôt en le lisant. Dans leur nouveau livre, « Nos très chers émirs », les deux journalistes Georges Malbrunot et Christian Chesnot révèlent les relations entre les dirigeants politiques français et les monarchies du Golfe, Qatar en tête. Des révélations croustillantes et très précises qui sont une véritable bombe. Les parlementaires en prennent notamment plein la vue, comme le député socialiste du Pas-de-Calais, Nicolas Bays, qui a supplié le Qatar de lui offrir des vacances, ou ces élus qui acceptent, chaque année à Noël, une Rolex et des bons d’achat de près de 6 000 euros.
Jean-Marie Le Guen aurait fait du « chantage » au Qatar
Au-delà des simples « pots-de-vin » versés par les pays du Golfe, ces derniers ont surtout agi activement sur la diplomatie française. Faisant parfois changer de cap les dirigeants français. L’enquête de Chesnot et Malbrunot indique en effet comme la France a accepté de changer de politique vis-à-vis de l’Egypte en 2013 sous l’influence d’une de ces monarchies. Les deux journalistes montrent aussi que les relations troubles de la France avec l’Arabie Saoudite et ses voisins influent sur la position de la France au sujet de la Syrie et du Yemen, ce dernier pays étant bombardé par une coalition menée par le royaume wahhabite. Mais ce qui choque particulièrement dans ce livre, ce sont surtout les révélations faites sur un ministre encore en exercice : Jean-Marie Le Guen. Secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, le socialiste aurait profité de sa position privilégiée pour proposer, au Qatar, une agence de communication « destinée à bloquer les questions au gouvernement sur le Qatar », selon France Inter. Chesnot et Malbrunot racontent, poursuit Le Point, comment « Le Guen a proposé au Qatar de faire travailler des proches en échange de son soutien. » « Je peux bloquer au parlement les questions qui sont hostiles à votre pays, mais pas gratuitement », aurait indiqué Le Guen aux officiels du Qatar qui parlent aujourd’hui de « chantage. » Jean-Marie le Guen, lui, assure qu’il s’agit là d’« allégations délirantes. » « L’ambassade du Qatar à Paris, c’était tout à la fois un distributeur de billets de 500 euros, une agence de voyage et la boutique du père Noël », résume Christian Chesnot, qui assure que ces pratiques sont aujourd’hui révolues. L’ambassadeur du Qatar en France tenterait, en effet, de « faire place nette », selon le journaliste. Pour ce faire, il a fait appel à des agences de communication — comme Edile Consulting, qui a également géré l’image de l’Arabie Saoudite — censées redorer l’image du royaume.
