Philippe Bada, 30 ans, dit « Ryad le jardinier », est maraîcher, dans le nord de la France, près de Lille. Ancien technicien du bâtiment, il a décidé il y a quelques années de se lancer dans l’agriculture biologique.
« Je me suis rendu compte que notre façon de consommer produisait beaucoup d’injustices et d’inégalités sociales. J’étais sûr qu’il y avait des alternatives possibles. Pour moi, manger halal c’est aussi revenir à des produits naturels, faire appel à des producteurs locaux, réduire la pollution et la main-d’oeuvre exploitée », explique Ryad, qui est passé par un BTS Production Horticole en apprentissage pour réaliser son projet.
Depuis un an, le jeune homme s’est installé à Wavrin, dans le Nord. Il y a monté sa ferme de production de légumes bio sur plus de deux hectares, où il cultive une quarantaine de légumes et leurs variétés.
Des produits distribués en circuit court chaque semaine à ses adhérents dans la région des Hauts de France, via le système d’AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne).
Des légumes et fruits bio qui arrivent aussi en Ile de France. Il est désormais possible de profiter des paniers de Ryad chaque mois, grâce à des livraisons dans des points relais de la région parisienne. En parallèle, Philippe Bada a également lancé l’opération solidaire « paniers suspendus », en collaboration avec l’association humanitaire Qassama.
Des paniers de légumes bio pour 35 familles dans le besoin
L’idée ? Faire un don en ligne d’un panier de légumes bio à 35 familles nécessiteuses suivies par l’association, qu’elles recevront fin mai. Une opération que Ryad espère bien se voir renouveler le dernier week-end de chaque mois.
« L’objectif est de donner accès à des légumes de qualité et de saison à ces familles, mais aussi de leur faire découvrir des variétés que l’on ne trouve pas au supermarché comme le panais, le topinambour ou encore le pourpier, riche en oméga 6 », détaille Philippe.
Chaque panier, de 3 kg à 5 kg ou plus, compris entre 14 et 17 euros, sera ainsi destiné à une famille d’environ 3 ou 4 personnes. Pour le mois de mai, le panier devrait contenir des blettes, des courgettes, des choux chinois, du chou rave, de la salade, du pourpier, des radis et de la betterave.
Des paniers de légumes qui ont un coût, mais qui, comme le rappelle Ryad, invitent à consommer de manière plus éthique et plus en adéquation avec les valeurs de l’Islam : « Acheter 3 kg de légumes à 1 euro c’est participer à l’exploitation de travailleurs immigrés au Maroc ou ailleurs. La façon de dépenser notre argent est importante, car c’est donner ou pas de la dignité aux gens ».
Des ateliers phytothérapie et zéro déchets proposés à la ferme
Une consommation bio et solidaire à laquelle adhère de plus en plus de consommateurs, dont de nombreux musulmans.
« Une bonne partie de ma clientèle est musulmane. Beaucoup de mères de famille entre 25 et 35 ans achètent les paniers de ma ferme, car elles sont intéressées par des produits naturels pour leurs enfants », note le maraîcher.
A sa ferme, il initie d’ailleurs les visiteurs à une alimentation et à des pratiques quotidiennes plus saines et plus respectueuses de l’environnement. Il propose régulièrement des ateliers de phytothérapie, des ateliers « zéro déchets » ou encore une formation pour la fabrication artisanale de cosmétiques et produits ménagers.
« Manger moins et mieux », c’est le conseil principal de Ryad le jardinier. Un mode de vie qu’il invite à adopter non seulement pendant le Ramadan, mais aussi tout le reste de l’année. « Je suis là pour semer des graines ! », résume t-il.
© Crédits photos : MD-Esign, La Ruche qui dit oui et Hubert Van Maele