Le 18 octobre 1986, les autorités françaises renvoyaient une centaine de Maliens dans leur pays. Le début d’une politique antimigratoire rigide, même lorsque le PS était au pouvoir.
« Les charters seront totalement gratuits pour reconduire les gens dans leur pays. » En 1991, alors fraîchement nommée Premier ministre, Edith Cresson vante la loi sur les expulsions d’étrangers du sol français. Cinq ans plus tôt, le gouvernement de Jacques Chirac avait décidé que la France était trop laxiste et généreuse avec les étrangers en situation irrégulière. La loi concernant les expulsions de sans-papiers, assouplie en 1981, a été à nouveau durcie en 1986. Le 18 octobre de la même année, le ministre de l’Intérieur Charles Pasqua peut se féliciter : l’expulsions de 101 Maliens vers leur pays d’origine est la conséquence directe de sa nouvelle loi relative aux conditions d’entrée et de séjour des étrangers en France.
Parmi ces 101 Maliens expulsés, plus de la moitié viennent d’un foyer de travailleurs immigrés de Seine-Saint-Denis, à Rosny-sous-Bois. L’un de ceux qui a échappé à la reconduite au Mali explique avoir « été réveillé à 6 heures du matin » par la police, qui a réclamé les pièces d’identité des occupants du foyer. « Ils n’ont pas cherché à comprendre. Ils ont pris 60 personnes », résume un autre immigré. Raymond Le Bris, alors préfet de Seine-Saint-Denis, rappelle, lui, la loi : « Les personnes qui ont été reconduites étaient en situation irrégulière. » « La loi s’applique à tous », surenchérit un Charles Pasqua décidé à mettre en place de nouvelles mesures de reconduite à la frontière.
@MadjidFalastine c’est la loi du 9 septembre 86 dite loi Pasqua qui autorise depuis les expulsions sans décision de justice via la police
— Madjid Messaoudene (@MadjidFalastine) October 18, 2016
L’immigration en France ne sera plus jamais la même
Mais diplomatiquement, cela se complique pour la France : le Mali accuse les autorités de l’Hexagone de ne pas l’avoir prévenu de cette expulsion de ressortissants maliens par charter. Le Parti socialiste, le MRAP, la Ligue des droits de l’Homme ou encore SOS Racisme décident de manifester dans les rues de Paris. Des rassemblements ont alors lieu les 23 et les 31 octobre. Certes, Pierre Joxe tentera, quelques années plus tard alors que François Mitterrand est réélu président, d’assouplir la loi Pasqua. Mais Michel Rocard indique que « nous ne pouvons accueillir toute la misère du monde » et le président Mitterrand estime que « le seuil de tolérance » de l’immigration a été atteint. Depuis, la loi sur l’immigration n’aura cessé de se durcir, gouvernement après gouvernement.