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Sébastien-Abdelhamid, l’emmerdeur au grand cœur

Qu’on se le dise : « L’emmerdeur » est un terme loin de caractériser Sébastien-Abdelhamid. Au contraire, le jeune homme est incontestablement un type bien. Lorsqu’on a pris rendez-vous avec lui, le chroniqueur télé était parti en Italie donner un coup de pouce à Ummah Charity. Quand il n’est pas devant la caméra, Sébastien-Abdelhamid aime donner un peu de son temps aux associations humanitaires. Mais toujours avec humilité. « Les bénévoles qui aident les autres au quotidien en France ou à l’étranger, qui donnent de leur personne, de leur temps, de leur argent, de leur force, sans rien attendre en retour, aux gens qui en ont besoin, c’est magnifique ! », se réjouit Sébastien-Abdelhamid, qui loue les actions des ces « anonymes qui, sans aucun bénéfice pécuniaire ni sans en tirer aucune gloire, sont de vrais héros. » Fort de son statut d’homme de télé, le Normand n’hésite jamais à « mettre un coup de projecteur » sur ces associations humanitaires qui en ont bien besoin. Mais sans jamais se mettre en avant : « Les jours que j’ai passés avec Ummah Charity étaient formidables. Au final, ils m’ont apporté plus d’aide que je ne leur en ai apportée, je me suis nourri de leur bonté, de leur sagesse et de leur dévouement », résume Sébastien-Abdelhamid à son retour d’Italie.

Sébastien-Abdelhamid aime participer à ce genre d’action, cela lui permet, dit-il, de « reprendre foi en l’humanité ». Mais il ne veut surtout pas pour autant être érigé en héros ou en représentant de la communauté musulmane. « J’ai toujours refusé cette étiquette de celui qui parle au nom de la communauté, je ne représente personne à part moi-même car, si je fais une erreur, je ne veux pas qu’elle retombe sur des gens qui n’ont rien à voir avec moi », explique le jeune homme qui trouve trop « dangereux de se poser en porte-parole des musulmans ou des jeunes de banlieue ». S’il se définit comme « une petite personne dans son petit monde avec sa petite pensée », Sébastien-Abdelhamid n’hésite pourtant pas à apporter sa pierre à l’édifice lorsqu’il dénonce dans « Le gros journal » de Mouloud Achour, entre deux sketches plus légers, les contrôles au faciès, la télésurveillance ou l’accueil des migrants. Sébastien-Abdelhamid aime chercher la petite bête. A l’époque d’« On n’est plus des pigeons ! », sur France 4, il partait en caméra cachée dénoncer les arnaques de la publicité. « J’y voyais un côté citoyen », se souvient-il. Dans sa chronique sobrement intitulée « L’emmerdeur », il prenait un malin plaisir à « partager, informer et trouver une petite solution » aux problèmes de la vie quotidienne. En septembre, il reprendra cette chronique sans diffuseur, gratuitement, simplement pour offrir un petit cadeau « à ces gens qui aimaient bien ‘L’emmerdeur’ ».

« L’Islam, j’ai senti que c’était ce que je devais faire et où je devais aller »

Faire don de soi aux autres, c’est décidément son credo à Sébastien-Abdelhamid, qui préfère ne pas s’attarder sur sa personnalité. Mais lorsqu’on lui parle de sa conversion à l’âge de 17 ans, le journaliste-chroniqueur se laisse enfin aller à quelques petites confidences. « Je me suis converti en 2000. A cette époque-là, il y avait une réelle méconnaissance de l’Islam. On connaissait seulement le ramadan et le fait de ne pas manger de porc », résume le jeune homme qui a pourtant « grandi avec des musulmans ». Mais sa conversion n’a rien à voir avec ses potes de quartier : c’est lorsqu’il arrive à Paris que Sébastien-Abdelhamid tombe, complètement par hasard, sur une biographie du Prophète « oubliée » dans l’ordinateur qu’il vient de s’acheter. Comme un signe. « Ça m’a intéressé et interpellé, j’ai toujours été croyant, j’ai toujours eu cette notion de bien et de mal. Au fur et à mesure, j’ai lu, et j’ai voulu en savoir beaucoup plus », se remémore Sébastien-Abdelhamid qui continue : « Initialement, je ne savais même pas que l’on pouvait devenir musulman. De lecture en lecture, je me suis dit je voulais le devenir, car pour moi, l’Islam était le parachèvement des religions monothéistes, c’était un cheminement logique, j’ai senti que c’était ce que je devais faire et où je devais aller. »

Ce Normand exilé à Paris choisit donc de se convertir. Si Sébastien-Abdelhamid se laisse pousser la barbe, le regard des gens à son égard reste bienveillant. « Mais un évènement a bouleversé les mentalités, le 11 septembre 2001. Il y a réellement eu un avant et un après dans la perception des gens », explique le journaliste qui voit donc s’accroître la stigmatisation. Notamment à son encontre. « J’ai vu des regards noirs se diriger vers moi, on m’a même craché dessus dans la rue, on m’a dit : ‘Retourne dans ton pays’, se souvient le Normand. Ça me choquait, mais j’encaissais et ça a dû être beaucoup plus dur pour énormément de personnes à l’époque. » Aujourd’hui, la barbe est devenue plus tendance. Mais être musulman — surtout converti — attire parfois la haine. Malgré tout, Sébastien-Abdelhamid reste droit dans ses bottes : « Je m’assume comme je suis, ‘Sébastien’ est mon prénom de naissance et ‘Abdelhamid’ est mon prénom depuis ma conversion. Ces deux identités sont les miennes, je ne renie pas qui je suis. Être musulman, ça ne veut pas dire ne pas être Français », répond-il à ceux qui l’accusent de « traîtrise ». Lui préfère assumer. « Moi, j’accepte les gens comme ils sont. Ce qui m’intéresse, c’est le cœur et la personnalité. Je sais que je suis peut-être un grand candide, un grand naïf. Mais je préfère être positif, sinon on broie du noir ! », admet le jeune homme.

« Je combattrai toujours le racisme sous toutes ses formes »

C’est ce self-control qu’on retrouve dans ses vidéos. Sébastien-Abdelhamid semble ne jamais s’énerver même lorsqu’il fait face à une agence immobilière qui accepte des critères racistes. Le racisme, il ne l’excuse pas mais n’éprouve aucune haine contre ceux qui en usent et en abusent. « Il y a des relents de racisme, des gens qui se permettent tout et n’importe quoi. Je ne trouve pas ça normal, mais je comprends au vu des évènements qu’il y ait une peur de l’Islam et du musulman. C’est aussi à nous, en tant que musulmans, à titre individuel, de les faire changer d’avis », dit-il. Cette responsabilité, que les musulmans ont « malgré eux », Sébastien-Abdelhamid en est conscient : « Les gens entendent que des fous tentent d’utiliser notre religion pour faire du mal, ils tombent donc dans le racisme », explique-t-il. « Mais je combattrai toujours le racisme sous toutes ses formes. » Pour ce faire, Sébastien-Abdelhamid aimerait bien que l’on s’attarde un peu sur les exemples de réussite de musulmans dans les médias. « J’aimerais qu’on montre un peu les musulmans qui sont dans la positivité et qui font des choses superbes », souhaite le journaliste qui concède cependant que « ce n’est pas le plus vendeur ». Parole d’homme de média.

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