L’idée est née en 2012. A l’époque, Airbnb est une entreprise comme les autres, dont le business model est simple : des propriétaires proposent à la location leur logement vide. Mais alors que l’ouragan Sandy fait d’énormes dégâts aux Etat-Unis, des membres du réseau de location se proposent d’accueillir gratuitement des personnes en difficulté. Conscient de devoir jouer un rôle social, Airbnb décide alors de créer un service spécial de « réponse aux catastrophes ». Plus récemment, la société avait également proposé de mettre en contact des propriétaires et les personnes coincées à cause du MuslimBan de Donald Trump. Mais aujourd’hui, l’entreprise va plus loin en proposant Open Homes, une opération de long terme. Le message est efficace : « Ouvrez votre cœur et votre logement à des réfugiés. » La plateforme lancée par la société d’économie collaborative incite ainsi les propriétaires qui le souhaitent à accueillir, chez eux, des réfugiés à titre gracieux. « En donnant un logement temporaire à des réfugiés, ce sont des vies entières que vous contribuez à sauver et à réhabiliter », indique le site d’Airbnb.
Objectif : héberger 100 000 personnes gratuitement à l’horizon 2022
Pour aider les propriétaires à proposer leur logement gratuitement en toute sécurité, Airbnb indique s’être « associé à des agences de confiance, telles que Singa ou encore Réfugiés Bienvenue ». Comment cela se passe-t-il concrètement ? « Ces partenaires cherchent les logements qui conviennent le mieux aux personnes qu’ils accompagnent et discutent avec les propriétaires pour s’assurer que tout se passe pour le mieux. » Airbnb veut ainsi aider ces personnes qui ont dû quitter leur pays d’origine « en raison d’un conflit, de conditions particulièrement difficiles (économiques ou climatiques), ou de persécutions liées par exemple à [leur] couleur de peau, [leur] religion ou [leur] orientation sexuelle ». L’entreprise américaine estime que, « en donnant un logement temporaire à des réfugiés, ce sont des vies entières que vous contribuez à sauver et à réhabiliter ». Et l’objectif que souhaite atteindre Airbnb est ambitieux : avec Open Homes, la société espère « fournir une solution d’hébergement d’urgence gratuite à 100 000 personnes d’ici cinq ans ».
« Un petit quelque chose pour nous représente tellement pour des gens qui ont traversé l’enfer »
Emmanuel Foulon fait partie de ces hôtes généreux qui ont décidé d’ouvrir gratuitement leur logement à des réfugiés du Canada à la France, en passant par la Grèce ou les Etats-Unis. L’idée s’est imposée à lui dès qu’il en a eu connaissance : « Cela me semblait aller de soi. Je suis assez actif sur les réseaux sociaux ou les médias pour des combats qui me sont chers. J’ai travaillé à plusieurs reprises dans des camps de réfugiés, j’y ai rencontré des gens de nombreuses nationalités, de toutes les religions. Elles avaient toutes en commun l’espoir d’un monde meilleur pour leur famille et leurs proches. Cela n’est pas possible sans solidarité, valeur sans laquelle aucune société ne peut survivre », estime-t-il. Pour Emmanuel Foulon, qui propose donc gratuitement son logement à Bruxelles, cette initiative, si elle peut paraître isolée, est loin d’être anecdotique : « Je ne suis pas naïf, on ne peut pas sauver le monde entier à quelques-uns », nous dit-il. « Par contre, je pense, que ces marques de soutien et d’empathie peuvent permettre à l’un ou l’autre de s’accrocher et de rebondir. Un petit quelque chose pour nous représente déjà tellement pour des gens qui ont traversé l’enfer et souvent tout perdu. Chacun, selon ses moyens, rend le monde plus humain. »