Un vœu de soutien à Salah Hamouri, avocat franco-palestinien injustement incarcéré par les autorités israéliennes, proposé par les Verts et les Communistes, a été rejeté par le Conseil de Paris. Une occasion ratée de la part du Conseil de rappeler l’injustice qui touche le militant. Pourtant, un vœu n’a qu’une valeur symbolique puisqu’il s’agit d’une prise de position politique sur un sujet national ou international. Le vœu de soutien appelait le Conseil de Paris à demander la libération de Hamouri. Son rejet interpelle Madjid Messaoudene, élu de Saint-Denis et soutien indéfectible de Salah Hamouri : « La position de la ville de Paris est incompréhensible. Les élus de la majorité mais aussi une partie de l’opposition ont refusé de voter un vœu en faveur de la libération de Salah Hamouri, incarcéré arbitrairement par Israël. » L’épouse de Salah Hamouri, Elsa Lefort, est quant à elle « peu étonnée» par le rejet du vœu de soutien à son mari par le Conseil de Paris : « Le groupe communiste-Front de gauche a courageusement proposé ce vœu, malheureusement seuls le groupe écologiste, Danielle Simonnet et deux élu·e·s PS l’ont également soutenu. »
En 2011, il avait fallu proposer plusieurs fois un vœu de soutien à Salah Hamouri
Salah Hamouri est détenu sous le régime d’exception dit ‘détention administrative’ sans charge ni procès, depuis le 23 août dernier. « Un régime de détention digne des régimes totalitaires et arbitraires », explique Madjid Messaoudene. L‘élu dionysien estime que, « en refusant de condamner ces pratiques et en refusant de voter la demande de libération de Salah Hamouri, la maire de Paris et les élu·e·s qui la soutiennent se rendent complices de ces pratiques » pourtant dénoncées par des ONG comme Amnesty International et la FIDH pour ne citer qu’elles. Le Conseil de Paris avait, par le passé, émis un vœu de soutien à Salah Hamouri en mars 2011 sur proposition de Ian Brossat, d’Alain Lhostis et d’élus du groupe communiste et du Parti de Gauche. « Il avait également fallu que le vœu soit proposé à plusieurs reprises et modifié — donc allégé en revendications — pour que le Conseil de Paris finisse par l’adopter, alors que le portrait du soldat de l’armée d’occupation Guilad Shalit trônait sur la façade de la mairie », se souvient Elsa Lefort.
« La ville de Paris démontre encore une fois que son prisme est pro-israélien »
Quoi qu’il en soit, ce refus de la part du Conseil de Paris d’envoyer un message clair à Israël ne surprend guère. « La ville de Paris démontre encore une fois que son prisme est pro-israélien. Loin de l’image de Paris capitale des droits de l’Homme qu’on nous vend à longueur d’encarts publicitaires », se désole Madjid Messaoudene qui estime qu’il faut aujourd’hui « continuer et ne rien lâcher. » Pour Elsa Lefort, cette décision est « scandaleuse, mais cohérente, la Mairie de Paris se montre très conciliante avec la politique israélienne. En 2015, Paris-plage mettait à l’honneur Tel-Aviv, normalisant ainsi la capitale d’un Etat colonial, la présentant comme étant une ville festive et tolérante. » Pour l’épouse de l’avocat franco-palestinien, fataliste, « il est visiblement plus facile pour la majorité de la capitale de s’indigner quand un pays occidental est touché ou de mettre à l’honneur le foot-business sur la tour Eiffel que d’exiger la libération d’un Franco-Palestinien. Un deux poids-deux mesures dont la mairie de Paris est malheureusement coutumière. » Selon nos informations, le maire d’Evry Francis Chouat aurait également refusé ce même vœu.