L’Aquaclub de Belle Dune dans la Somme, devait être ouvert aux femmes musulmanes portant le burkini, comme l’a confirmé à l’AFP Stéphane Hausselier, le président du syndicat mixte Baie de Somme-Grand littoral picard, un des gérants de l’établissement.
Une décision appuyée par le Défenseur des droits Jacques Toubon, qui estime que cette interdiction constitue une « discrimination religieuse », selon la Convention européenne des droits de l’homme.
L’affaire remonte en 2016, lorsque deux clientes se voient refuser l’accès au centre aquatique à cause de leur tenue de bain, jugée non conformes au normes d’hygiène. L’une d’elle avait alors saisi le Défenseur des droits, lequel lui a finalement donné raison.
L’Aquaclub a donc réécrit son règlement autorisant le burkini, à condition que celui-ci soit un vêtement en lycra comme la plupart des maillots de bain.
« Si nous n’autorisons pas le burkini, nous risquons d’être condamnés alors que notre but n’est pas de faire de la discrimination. Notre établissement reçoit tout type de public, de toutes les origines et de toutes les cultures », a assuré à France 3 Eric Balédent, le directeur de l’Aquaclub.
Un changement qui n’est pas du goût des élus de la région. Le président du conseil régional des Hauts-de-France Xavier Bertrand estime qu’il s’agit d’une atteinte à la laïcité. La pression, notamment du Rassemblement national, a payé : le port du burkini n’est finalement pas autorisé dans ce centre aquatique de Fort-Mahon, contrairement à ce que demandait le Défenseur des droits.
Il y a quelques jours, la conseillère régionale Rassemblement National de Picardie, Patricia Chagnon, avait créé une pétition en ligne pour que le burkini soit interdit.
« Xavier Bertrand m’a indiqué ce soir que notre décision était contraire à la charte de la laïcité édictée par la région. On m’avait dit que le port du burkini était autorisé ailleurs… Peut-être n’a-t-on pas mesuré ce qu’on faisait et qu’on a pris une décision trop hâtive. Si on a fait une erreur et qu’il faut faire du rétropédalage, je le ferai naturellement », avait fait savoir le gérant Stéphane Hausselier, également conseiller départemental divers droite de la Somme.
Ce vendredi, le bureau du syndicat mixte est donc sur cette autorisation du burkini.
« Je ne pensais pas qu’avec notre décision, on allait s’exposer à de pareilles réactions. Je suis encore naïf… », a regretté Stéphane Hausselier.