Un organisme européen de défense des droits de l’Homme épingle la presse britannique à propos du traitement des attaques terroristes, l’enjoignant à éviter toute mention de leur identité musulmane ou de leurs motivations religieuses.
Eviter la stigmatisation à outrance et les amalgames entre terroristes et Islam : tel est le motif sous-jacent à la requête officielle de la Commission Européenne contre le Racisme et l’Intolérance (ECRI) auprès de la presse britannique. Un rapport fouillé, commandé par cet organe du Conseil de l’Europe – institution intergouvernementale – souligne les dépassements des médias britanniques quand il s’agit de relater des faits relatifs à des attaques terroristes. Selon l’étude, la presse du Royaume-Uni alimente un sectarisme anti-musulman dans leur couverture des actes terroristes.
La solution pour les auteurs du rapports ? Les autorités britanniques devraient réglementer la presse nationale de manière plus stricte afin d’éviter ce type de mentions. « L’ECRI regrette qu’aucun moyen n’ait été trouvé pour créer un organe de régulation de la presse. Résultat : les tabloïds continuent à publier des contenus offensants », décrit le rapport. L’ECRI considère en outre que le fait que les Musulmans soient mis sous les feux des projecteurs suite aux actes terroristes de Daeshde par le monde « nourrit les préjugés » contre eux, démontre un « mépris » à leur égard, « dangereux non seulement pour la dignité de l’immense majorité des Musulmans au Royaume-Uni mais aussi, pour leur sécurité », poursuivent les auteurs.
Direction du rapport : la corbeille
Bien que le Royaume n’ait pas connu d’attaques terroristes attribuées à l’Etat islamique récemment, leur occurrence chez ses voisins européens (en France ou en Belgique, notamment) ne justifie pas, pour l’ECRI, que la presse établisse et expose avec évidence les motivations en lien avec l’Islam. D’autres facteurs sont à avancer. Afin d’étayer ses recommandations, l’organe européen se réfère à une étude scientifique de l’Université de Teesside, à Middlesbrough, qui démontre le lien de cause à effet entre l’étendue et l’insistance de la couverture médiatique sur les origines religieuses des terroristes, et le contrecoup supporté par la communauté musulmane. Un effet qui s’avère « plus intense » que si les motivations présentées étaient « minimisées ou rejetées au profit de justifications alternatives ».
L’organe européen conclut son rapport en proposant également de développer la formation en matière de respect de « standards éthiques ». Malgré tout l’intérêt de ce rapport, aucune illusion n’est possible sur son issue fatale : la corbeille. La réaction du gouvernement de Theresa May était prévisible. « Engagé en faveur d’une presse libre et ouverte, le gouvernement ne s’immisce pas dans les contenus qu’elle publie ou pas« , rapporte le Daily Mail.