Les résultats définitifs sont sans appel : 60,4% des électeurs suisses, qui représentent la majorité des 26 cantons du pays, ont dit oui à la proposition de simplification de la procédure de naturalisation pour les petits-enfants d’immigrés nés, comme leurs parents, dans la Confédération helvétique. Seuls sept cantons, tous situés dans la partie germanophone, ont manifesté leur opposition. Les habitants de Neuchâtel ont été les plus convaincus, avec un peu plus de 75% de votes positifs, suivis par ceux de Genève (74%), du comté de Vaud, de Fribourg (65,7%), de Zürich (63,2%) et de la capitale, Berne (61,9%).
A l’image de ces résultats, la grande majorité des partis avaient appuyé cette initiative, qui permet aux autorités confédérales la compétence pour attribuer la nationalité suisse aux étrangers « de troisième génération », afin de raccourcir la procédure. L’Union démocratique du centre (UDC), le parti doté du plus grand nombre de députés dans la chambre basse, s’était pourtant opposée au texte, avertissant durant la campagne du danger représenté par « la surpopulation étrangère et l’augmentation massive du nombre de musulmans ». « Nous étions seuls contre tous », reconnaissait hier Jean-Luc Addor, un député UDC. « Je crains que le problème de l’Islam nous atteigne d’ici quelques années », a-t-il ajouté à la Radio Télévision Suisse (RTS). Ces dernières semaines, les militants de son parti avaient collé des affiches qui ont suscité la polémique, montrant une femme en niqab avec le slogan : « Naturalisations incontrôlées ? NON ». Le même Addor avait posé la question : « Dans une ou deux générations, qui seront ces étrangers de troisième génération ? Ce ne seront pas des Italiens, ni des Espagnols ou des Portugais mais ils seront originaires des pays arabes, d’Afrique subsaharienne, de la Corne de l’Afrique, de Syrie et d’Afghanistan ». Et d’ajouter : « Presque tous sont musulmans, majoritairement des hommes qui, par leur culture et leur religion, ne brillent pas par leur respect envers les femmes », a-t-il déclaré durant la campagne.
« Leur patrie, c’est la Suisse »
Les statistiques officielles soulignent que quelque 25 000 personnes sont concernées par cette nouvelle disposition, « principalement originaires d’Italie, de Turquie, et de pays du sud-est de l’Europe ». Et au cours de la prochaine décennie, ce seront 2 300 autres jeunes par an qui pourront à leur tour bénéficier de cette procédure simplifiée. Pour le gouvernement helvète, « ces jeunes étrangers passeront toute leur vie en Suisse et doivent, par conséquent, pouvoir acquérir la nationalité de manière plus simple; Car « leur patrie est la Suisse ». Simplification ne signifie pas pour autant facilitation : ces candidats spécifiques à la naturalisation sont contraints au préalable de démontrer leur maîtrise de l’une des quatre langues officielles du pays – français, allemand, italien et roman – et de respecter les lois et les valeurs fondamentales de la Constitution. Nés en Suisse, ils devront avoir été scolarisés dans le pays durant au moins cinq ans et être âgés de moins de 25 ans. L’un des parents devra pour sa part avoir vécu au moins dix ans en Suisse et y avoir fréquenté un établissement scolaire durant au moins cinq ans. Enfin, un des grands-parents doit posséder un permis de séjour ou être né dans le pays. En 2004, les Suisses avaient rejeté la proposition de naturalisation automatique à la naissance pour les enfants de troisième, et de naturalisation simplifiée pour ceux de la génération antérieure.