La CEDAW a demandé à la Suisse d’exposer sa politique antidiscriminatoire envers les femmes, notamment musulmanes. Le Bureau fédéral de l’égalité affirme veiller à son respect.
En mars dernier, l’Organisation des Nations Unies prévenait la Suisse que l’interdiction « de grande envergure » du voile était « illégitime. » Ce mercredi, l’ONU étudiait à nouveau le cas du pays helvétique, de façon plus globale sur les discriminations faites aux femmes. Devant la CEDAW, la Suisse a donc tenté d’expliquer sa politique en vue d’améliorer la condition des femmes. La crise des réfugiés en Europe et la recrudescence des actes terroristes ont provoqué, comme en France, un débat national sur l’Islam. En Suisse, on parle actuellement de l’interdiction du voile intégral, appliqué depuis plusieurs années déjà en France. Inquiète de la discrimination religieuse qui pourrait en résulter, la CEDAW a demandé à la Suisse des comptes. Selon Sylvie Durrer, directrice du Bureau fédéral de l’égalité (BFE), les femmes musulmanes ne vont pour autant pas être discriminées.
Des discriminations dans les entreprises
Une promesse qui demandera encore beaucoup de travail, et un peu de temps. Un rapport d’Amnesty International cite en effet plusieurs fois la Suisse, rappelant notamment qu’en 2012, « un grand parti politique (l’Union démocratique du centre, ndlr) a réussi, à l’issue d’une campagne, à faire interdire la construction de minarets » ou encore « certains employeurs ont mis en place des directives internes, ou une politique non écrite, interdisant le port de tenues ou de signes culturels et religieux. » L’UDC, dans son programme, indiquait même que les immigrés musulmans « sont souvent originaires de pays qui ne connaissent pas la démocratie. Ils amènent donc dans leurs bagages des conceptions du droit et de l’ordre qui sont incompatibles avec notre système juridique. » Quatre ans plus tôt, le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale remarquait, en Suisse, une « absence de progrès tangible dans la lutte contre les attitudes racistes et xénophobes envers certaines minorités », dont les musulmans.