On en sait davantage sur l’auteur de l’attaque par arme à feu perpétrée lundi en fin de journée à Zürich, en Suisse, dans une salle de prière musulmane, et qui a fait trois blessés parmi les fidèles. Connu de ses services, la police zürichoise a déclaré hier qu’il s’agissait d’un Suisse de 24 ans, d’origine ghanéenne, et adepte de l’occultisme. Les enquêteurs ont également révélé que l’auteur des tirs avait tué la veille, à coups de couteau, une de ses connaissances dans une salle de jeux de la ville. Le corps du tueur, qui s’est suicidé après ses deux méfaits, a été retrouvé hier près de la salle de prière. Son identité a pu être déterminée par analyse de traces ADN, qui avaient été enregistrées sept ans auparavant – alors qu’il avait 17 ans – après avoir été arrêté pour vol de bicyclette. « Nous ignorons pour l’instant ses mobiles », a indiqué en conférence de presse hier Christiane Lentjes Meili, responsable de la police du canton de Zürich. « Des symboles relatifs à l’occultisme ont été retrouvés chez lui », a-t-elle ajouté.
« Prendre au sérieux le sentiment islamophobe » en Suisse
A ce stade de l’enquête, rien n’indique que l’attaque est reliée au terrorisme ou à l’extrême droite suisse. Il n’a toutefois pas été fait mention de quelconques troubles psychiatriques. De même, la responsable a nié tout lien avec deux autres attentats survenus le jour même, sur un marché de Noël à Berlin et contre l’ambassadeur russe à Ankara – le premier ayant par la suite été revendiqué par l’Etat islamique. Le jeune semblait vivre seul et travaillait comme employé dans un magasin. Christiane Lentjes Meili est revenue sur les circonstances de l’attaque. Lundi, aux alentours de 17h30, le jeune homme est entré dans la salle de prière du centre islamique, situé près de la gare centrale de Zürich. Vêtu intégralement de noir, la tête couverte d’un bonnet de laine, il est entré et a tiré plusieurs coups de feu contre les fidèles, en blessant trois avant de s’enfuir à pied. Son cadavre a ensuite été découvert à quelques centaines de mètres de là, sous un pont.
Quant aux victimes, âgées respectivement de 30, 35 et 56 ans, elles ont été opérées et sont désormais hors de danger. Le centre islamique est fréquenté quotidiennement par des dizaines de fidèles, originaires essentiellement de pays du Maghreb, de Somalie et d’Erythrée. La police n’a toutefois pas mentionné le type d’armes utilisé contre les victimes, seulement que l’agresseur détenait un permis de port d’armes en cours de validité. Une situation plutôt ordinaire en Suisse, où les citoyens qui ont accompli leur service militaire ont la possibilité de conserver à domicile leur arme règlementaire – ce qui a maintes fois suscité la polémique car à l’origine de faits divers parfois dramatiques. Le centre islamique de Zürich a aussi officiellement réagi à l’attaque dont il a été la cible, par un communiqué du Conseil central islamique (CCI) – une des principales organisations musulmanes de Suisse – appelant politiques et médias à « prendre au sérieux le sentiment islamophobe« . Le CCI a notamment demandé aux autorités d’utiliser des fonds publics pour assurer la protection des lieux de culte musulmans dans le pays. D’autant qu’il ne s’agit pas là d’une première.