Ce dimanche soir, supporters français et supporters portugais ont soutenu leur équipe. Si de nombreux Français soutenaient le Portugal, les réactions ont été plus clémentes qu’avec les Algériens, confrontés à la même situation il y a deux ans.
Vous connaissez la différence entre un supporter portugais et un supporter Algérien ? Cela pourrait être une blague. Mais il n’en est rien. Rappelez-vous : Coupe du Monde 2014, l’équipe nationale de football algérienne enchaîne les matches intéressant. Le maire de Nice Christan Estrosi, décide de publier un arrêté interdisant « l’utilisation ostentatoire de tous les drapeaux étrangers sur l’hypercentre » de la ville. Et ce, pendant toute la durée de la Coupe du Monde. Objectif ? « Maintenir l’ordre et la tranquillité publique et éviter les débordements, comme ceux qui ont pu se dérouler dans la nuit du 26 au 27 juin dans l’agglomération parisienne, dans la région lyonnaise, à Marseille et dans le Nord. » A cette époque, le débat sur la binationalité est même relancé par Marine Le Pen.
Portugal et Algérie, deux rapports différents à la France
La semaine dernière, après la qualification du Portugal pour la finale de l’Euro 2016, les rues de Paris voient fleurir des drapeaux portugais et les bruits des klaxons retentissent comme en 2014. Cette fois, aucun commentaire de la part des mêmes dirigeants politiques. Dans une chronique au Plus de L’Obs, Pascal Boniface, directeur de l’IRIS, l’Institut de relations internationales et stratégiques, remarque le « même phénomène chez les supporters », mais « pas dans les médias. » Autrement dit, si les supporters algériens ont été considérés par la presse et les politiques comme des « traîtres à la Nation », on a simplement évoqué la double appartenance des Français d’origine portugaise. Sans plus.
Il faut dire que l’histoire entre la France et le Portugal n’est pas la même qu’entre la France et l’Algérie. Il faut dire aussi que les Portugais sont, pour la majorité d’entre eux, catholiques. Il faut dire enfin que les Portugais sont des Européens. Et qu’aujourd’hui, là où un fils d’Algérien a le statut d’immigré, le fils de Portugais est un simple expatrié intra-communautaire. Alors hier, la moitié du Stade de France a pu soutenir le Portugal, les supporters ont pu déployer leurs drapeaux sans que le Français ne se sente « envahi. » Pour ce France-Portugal, « on a traité le problème de façon tout à fait différente » que pour un France-Algérie, résume Pascal Boniface.