L’armée de l’air syrienne bombarde depuis plusieurs jours maintenant l’enclave rebelle de la Ghouta près de Damas. L’OSDH a comptabilisé au moins 250 civils tués depuis dimanche. La journée de lundi représente le plus lourd bilan de pertes civiles en un jour dans les combats dans cette région depuis le début de 2015, selon l’organisation.
Depuis les hôpitaux sont saturés et l’ONU a annoncé mardi soir que six hôpitaux de la Ghouta avaient été bombardés en quarante-huit heures. Trois sont désormais hors service et deux fonctionnent partiellement.
Les bombardements de civils « doivent cesser maintenant », a demandé le coordinateur de l’ONU pour l’aide humanitaire en Syrie (mais hier encore, les bombardements ont causé la mort de 24 civils selon l’OSDH).
« La situation humanitaire des civils dans la Ghouta orientale est totalement hors de contrôle. Il est impératif de mettre fin immédiatement à cette souffrance humaine insensée », a t-il ajouté.
Même réaction pour le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), qui a également exprimé sa colère dans un communiqué intitulé « Pertes humaines massives », et ce en une seule phrase seulement : « Aucun mot ne rendra justice aux enfants tués, à leurs mères, leurs pères, à ceux qui leur sont chers. »
Mais malgré les régulières déclarations politiques officielles d’indignation, les menaces de « lignes rouges » brandies, l’absence de réactions, de réponses concrètes et la paralysie de la communauté internationale ne passe plus. Dans la presse, de nombreux journaux comparent la situation actuelle de la Ghouta à celle de Srebrenica, durant la guerre de Bosnie en juillet 1995.
« Encore une fois, les Nations unies sont impuissantes »
Dans une tribune, The Guardian titre : « La Ghouta orientale est un autre Srebrenica, et nous détournons le regard une fois encore. »
« A Srebrenica, quelque 8 000 hommes et adolescents musulmans furent massacrés en quelques jours. (…) Le tribunal pénal pour l’ex-Yougoslavie a plus tard déclaré que ces crimes constituaient un génocide. (…) La communauté internationale savait pourtant très bien ce que le général Radko Mladic (commandant en chef de l’armée de la République serbe de Bosnie) était en train de faire, et qu’un massacre était imminent. Elle a détourné le regard. L’agonie de la Ghouta orientale (…) est plus lente mais ignorée de la même façon. Encore une fois, des civils, dont de nombreux enfants, sont massacrés. Encore une fois, les pouvoirs occidentaux, avec des forces présentes dans le pays, refusent d’intervenir. Encore une fois, les Nations unies sont impuissantes », rappelle le journaliste Simon Tisdall.
La chaîne américaine CNN a elle aussi repris cette comparaison : « Après trois ans d’horreur en Bosnie, il a fallu le massacre de Srebrenica pour pousser l’Occident à passer à l’action contre les Serbes de Bosnie. Au moins, la communauté internationale avait mis fin au conflit en Bosnie au bout de quatre ans. Mais après sept ans de conflit sanglant, le conflit syrien continue. Et l’échec à y mettre fin signe la faillite de la diplomatie internationale », analyse t-elle.
Mais ce silence suscite aussi l’incompréhension de la population directement concernée. Dans un article du Monde, une femme dont la maison à été bombardée ainsi que celle de ses beaux-parents témoigne via WhatsApp. « Il fait très froid, on ne dort pas, on ne mange pas, nos enfants n’ont pas de lait », explique t’elle, avant d’interroger: « Frères musulmans, où êtes-vous ? Que fait le monde ? ».