Remise en doute de « la pertinence de l’enseignement du fait religieux », évocation de Latifa Ibn Ziaten qui pourrait « enlever son voile en entrant » dans les classes dans lesquelles elle intervient ou encore audition de Jean-Pierre Obin… Les syndicats d’enseignants s’inquiétaient du Conseil des sages de la laïcité voulu par Jean-Michel Blanquer. La publication du compte-rendu d’une réunion de ce conseil pourrait bien confirmer ces inquiétudes.
Mediapart a en effet pu consulter un compte-rendu de réunion — la troisième du Conseil des sages. Le journal en ligne s’étonne de la teneur des débats tenus au sein de ce groupe ayant pour mission de « préciser la position de l’institution scolaire en matière de laïcité et de fait religieux » et dans lequel figurent notamment les controversés Laurent Bouvet, cofondateur du Printemps républicain, la philosophe Catherine Kintzler ou Alain Seksig, ancien membre du Haut comité à l’intégration (HCI).
Un compte-rendu de réunion des “Sages de la laïcité” révèle l’agenda antireligieux & l’obsession anti-hijab de ses membres, un agenda totalement incompatible avec l’esprit& la loi laïques. Ces idéologues présentent un danger pour les libertés individuelles https://t.co/5hrKlRLzSl
— Philippe Marlière (@PhMarliere) 22 février 2018
Selon Mediapart, les « sages », lors de cette réunion, « se sont interrogés à de multiples reprises sur la nécessité d’aborder avec les élèves la question du voile sous un prisme idéologique, en s’éloignant du seul cadre juridique, qui est pourtant celui dans lequel Emmanuel Macron entend rester. » Latifa Ibn Ziaten, qui intervient dans certaines écoles depuis l’assassinat de son fils, militaire, par Mohammed Merah. Les « sages » se demandent notamment si Latifa Ibn Ziaten — qui avait été sifflée à l’Assemblée nationale lors d’une conférence — serait « ouverte » à l’idée d’« enlever son voile en entrant dans la classe. »
Lors de cette réunion, poursuite Mediapart, Jean-Pierre Obin, auteur du critiquable rapport sur « Les signes et manifestations d’appartenance religieuse dans les établissements scolaires », est auditionné. Le Conseil des sages estime que, depuis l’écriture de ce rapport en 2003, la situation s’est aggravée. Catherine Kintzler en profite pour s’interroger sur « la pertinence de l’enseignement du fait religieux. » Comme Laurent Bouvet et Alain Seksig, la philosophe prône une laïcité plus stricte qu’elle ne devrait l’être. Bien loin des promesses d’Emmanuel Macron en la matière.