Parmi les recommandations présentées dans sa dernière étude, l’Institut Montaigne préconise l’instauration d’une « taxe halal ». Une alternative aux fonds provenant de pays arabes et musulmans, soupçonnés de financer la promotion d’un Islam fondamentaliste.
Un Islam de France est possible, et une taxe « halal » pourrait contribuer à son développement. Telle est, en substance, l’une des recommandations phares de la dernière étude publiée par l’Institut Montaigne, un think tank à caractère libéral, « qui réunit universitaires, responsables d’entreprises et jeunes de différents horizons », comme décrit sur le site web. Le rapport présente une série de mesures destinées à favoriser une meilleure intégration des musulmans, notamment de la jeune génération, à une société française agrippée à sa laïcité.
L’étude, dont la réalisation a été confiée à l’Ifop, confirme que 28 % des musulmans ont une vision et une pratique extrémistes de leur foi, incommensurables avec la laïcité – elle aussi élevée au rang de religion en France. L’auteur du rapport, Hakim El Karoui, souligne un phénomène préoccupant : l’islamisme radical séduit avant tout les jeunes. « D’un côté, il y a une majorité silencieuse, des musulmans pratiquants qui ne s’estiment pas menacés par la société française et de l’autre côté, il y a cette minorité attirée par le fondamentalisme et qui utilise l’Islam pour attaquer la France », explique El Karoui.
Une alternative et un frein aux financements étrangers
Ce n’est pourtant pas une fatalité, assure l’institut. Selon ce dernier, différentes solutions existent pour faciliter une pratique de la religion en harmonie avec les valeurs françaises. L’une d’elles consiste à bannir le soutien financier de la part de pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Des moyens investis dans la création d’écoles coraniques, de mosquées et d’autres institutions et qui se transmuent en autant de vecteurs d’influence du fondamentalisme. L’instauration d’une « taxe halal » pourrait offrir à la fois une alternative et un frein à ces flux financiers. Les montants collectés auprès des Français musulmans seraient ainsi reversés dans la construction ou la rénovation de mosquées ou la formation des imams en France.
Les principaux leaders religieux n’ont pas été franchement emballés par l’idée d’une taxe spécifique, qui soulève en tout cas de nombreuses interrogations quant à ses modalités. Si l’imam de Bordeaux, Tareq Oubrou, la qualifie de « ridicule », le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, estime que cette taxe pourrait être « dangereuse », craignant des « détournements de fonds » que « la religion la plus pauvre de France » ne pourrait se permettre de perdre. Autre proposition clé : faire élire par les musulmans de France un « grand imam », sorte de représentant communautaire dont l’une des missions serait de montrer la voie en matière de pratique respectueuse des valeurs républicaines. Enfin, la langue arabe devrait être accessible à l’école de la république, selon l’Institut Montaigne. Ce qui éviterait aux deux-tiers des Français musulmans souhaitant que leurs enfants apprennent cette langue de se détourner des écoles coraniques privées.