Apporter de la nourriture, des médicaments, des vêtements mais surtout, un coup de projecteur. Telle est la finalité de la flottille composée uniquement de femmes, qui se dirige actuellement vers les côtes de Gaza.
« Gaza, ne pleure pas, nous ne te laisserons pas mourir ». C’est accompagnés de ces paroles, chantées par une foule conséquente à quai que deux bateaux d’une flottille 100% féminine ont quitté Barcelone. Direction : la bande de Gaza. L’équipage et les passagères du « Zaytouna » et de l' »Amal » (« olive » et « espoir », en arabe) sont en effet uniquement composés de femmes. Prévu pour durer trois semaines, la traversée de la Méditerranée vise à briser, de manière non violente, le blocus imposé depuis maintenant dix ans par Israël sur ce territoire palestinien.
En 2010, la première flottille, partie de Turquie, avait connu un final tragique, assaillie par les forces israéliennes, qui ont ensuite tué dix personnes. Depuis, de nombreuses autres mebarcations ont tenté de réitérer l’opération, sans davantage de succès. Cette fois, Madeleine Habib, la capitaine australienne d’origine égyptienne, dit être déterminée à relever le défi. Ce blocus, « c’est comme créer une prison dans leur propre pays, et les dénuer de leurs droits fondamentaux », a-t-elle confié au micro d’Al Jazeera.
Un hommage aux femmes palestiniennes
Madeleine Habib navigue depuis plus de trente ans dans les eaux du Moyen-Orient, et avoue avoir développé un intérêt marqué pour le conflit israélo-palestinien. Pour elle, cette opération humanitaire s’apparente davantage à une volonté de renforcer la médiatisation du drame que vivent au quotidien les habitants de Gaza. « Nous essayons de provoquer une réaction [par le biais] d’une opération très positive et symbolique, et de façon pacifique », explique-t-elle.
La composition totalement féminine des deux navires répond avant tout à la volonté d’honorer les femmes palestiniennes, les victimes les plus durement touchées par l’occupation israélienne. Avec onze membres d’équipage, la flottille fera escale dans différents ports méditerranéens pour embarquer de nouvelles passagères, avant d’arriver à destination. L’Irlandaise Mairead Corrigan Maguire, prix Nobel de la Paix en 1976, Naomi Wallace, auteur dramatique et scénariste américaine, ou Cigdem Topcuoglu, une athlète turque dont le mari a été tué dans l’assaut israélien du Mavi Marmara en 2010. Ann Wright, ancienne colonel de l’armée et diplomate américaine, ne craint pas de rééditer l’expérience six ans plus tard. « J’ai vu des hélicoptères viser et tirer sur mes compagnons, les tuant sur le pont », relate-t-elle au media qatari. « Nous, les survivants, avons été enlevés et transférés en Israël ». Parce que Gaza le vaut bien.