L’équipe de campagne du président élu Donald Trump a effacé de son site web la proposition qui avait provoqué un tollé concernant l’interdiction d’entrée de migrants musulmans sur le territoire des Etats-Unis.
C’était en décembre 2015, il y a moins d’un an. Celui qui n’était alors qu’un candidat à la primaire républicaine avait appelé à « l’interdiction totale et complète de l’entrée de musulmans aux Etats-Unis, jusqu’à ce que les dirigeants [du] pays comprennent enfin ce qu’il se passe ». « Nous pouvons être politiquement corrects et en même temps, stupides. Ca ira de pire en pire », a-t-il affirmé au cours d’un meeting à Mount Pleasant, en Caroline du Sud. « Tant que nous serons incapables d’identifier et de comprendre ce problème, et les dangers qu’apportent cette menace, notre pays ne pourra pas être la victime d’attaques horribles de gens qui ne croient qu’au Jihad ».
Une page de son site web a été consacrée à cette mesure. Intitulée « La déclaration de Donald J. Trump sur la prévention de l’immigration musulmane », cette page n’existe plus. Aujourd’hui, le site accueille les visiteurs d’un « Thank you America ». La proposition de Trump avait suscité une levée de boucliers de la part non seulement des démocrates mais aussi, au sein de son propre parti. Accusé de racisme et de faire des musulmans des boucs-émissaires, c’est son recours à la peur du djihadisme terroriste pour mobiliser sa base qui a été pourfendue. « Je pense que l’Islam nous déteste », avait-il déclaré sur CNN au mois de mars dernier. « Il y a une haine immense, incroyable, contre nous. »
Du critère religieux au critère géographique
Une fois la désignation officiellement acquise, au début de l’été, le discours s’est édulcoré. La proposition controversée a été « re-packagée », le critère religieux évoluant vers un critère géographique : le focus exclusif de l’interdiction d’entrée opposée aux migrants musulmans s’est ainsi étendu aux ressortissants de « toute nation qui est impliquée dans le terrorisme ». Cela n’a cependant pas empêché Donald Trump de faire régulièrement référence au djihadisme et aux musulmans dans ses meetings de campagne.
A peine élu, il a néanmoins été chaudement félicité par Abdel Fattah al-Sissi, le président égyptien : il lui avait promis en septembre, en cas d’accession à la Maison Blanche, que les Etats-Unis serait plus qu’un partenaire stratégique pour l’Egypte : un « ami loyal ». La Realpolitik reprendrait-elle déjà ses droits à J+1 ?