Organisé au 33e jour de la Pâque juive, ce pèlerinage coïncide cette année, pour la première fois depuis 1987, avec le mois sacré de jeûne musulman du ramadan. Un repas commun de rupture du jeûne entre musulmans et juifs est prévu mercredi soir à la Ghriba.
Des centaines de pèlerins ont défilé mercredi matin pour prier, allumer des bougies et inscrire des vœux sur des œufs, placés ensuite dans une cavité de la synagogue. Au milieu des youyous et des chants, certains ont fait bénir fruits secs et boukha –l’alcool de figue local– par les rabbins.
« Ce n’est pas facile d’organiser tout cela alors que les gens jeûnent ici. Ils sont fatigués, mais on est aussi bien accueillis que d’habitude », se réjouit Laura Tuil-Journo, venue de Paris, comme chaque année. « Cette année c’est archi plein, les gens viennent maintenant en pleine confiance, d’autant que M. Trabelsi est devenu ministre ».
René Trabelsi, voyagiste et co-organisateur du pèlerinage, fils du responsable de la synagogue de la Ghriba, est devenu en novembre ministre du Tourisme. Il est le premier Tunisien de confession juive à occuper un poste de ministre depuis l’ère de Habib Bourguiba (1957-1987).
La Ghriba, construite sur la tombe d’une mystérieuse sainte locale, est un lieu de coexistence pacifique des monothéismes.
« La culture de la tolérance et de l’ouverture garantit la capacité à développer la citoyenneté et la démocratie et le renforcement de la relation sociale entre les individus et les groupes, ainsi que le sentiment de l’appartenance à ce cher pays », a déclaré le Premier ministre Youssef Chahed, qui s’est rendu sur place, accompagné de deux ministres dont M. Trabelsi.
En 2002, un attentat suicide contre la synagogue a tué 21 personnes. Plusieurs centaines de policiers et militaires, accompagnés de tanks et d’hélicoptères sont déployés sur l’île pour protéger les pèlerins, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Plus de 5.000 personnes venues de France, d’Israël, de Russie ou d’Angleterre, sont attendus pour ce pèlerinage de deux jours, dans la petite synagogue couverte de faïences, qui attirait avant 2002 quelque 8.000 fidèles chaque année.
Le pèlerinage de la Ghriba est au cœur des traditions des Tunisiens de confession juive, qui ne sont plus que 1.500, majoritairement installés à Djerba, contre 100.000 avant l’indépendance en 1956.