« Les églises font partie de l’identité de la France » estime le sociologue Mathieu Bock-Côté dans une tribune dans Le Figaro. Ce Québécois revient sur la polémique lancée par le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur qui, selon le sociologue, « y est allé d’une proposition faussement candide » en demandant : « Puisque des églises sont vides, pourquoi ne pas les confier aux musulmans en manque de mosquées ? »
L’auteur de la tribune indique que « toutefois, au plan symbolique, et quoi qu’on en pense, l’islam ne saurait prétendre au même statut en France que le catholicisme. L’islam est d’implantation récente dans ce pays alors que le catholicisme a façonné la France dans ses profondeurs les plus intimes. C’est un simple fait qu’il ne devrait pas être scandaleux de rappeler. » Tout en oubliant de s’offusquer que d’anciennes chapelles soient transformées en pharmacies ou en restaurants…
L’Islam n’a pas besoin d’acquérir un « statut »
Certes, le catholicisme est présent depuis le Ier siècle et est intimement lié à Clovis. Il a évolué depuis plusieurs siècles. Et ce serait de la mauvaise foi de dire qu’il ne fait pas partie de l’Histoire de France. Mais écrire que l’Islam « ne saurait prétendre au même statut en France que le catholicisme » est un beau bras d’honneur fait à la laïcité. La religion islamique ne cherche pas à acquérir un quelconque « statut. » Les Français de confession musulmane veulent simplement pouvoir vivre leur religion comme bon leur semble. Ils ne cherchent pas à gagner une quelconque compétition entre Islam et catholicisme.
En admettant ce postulat de départ qui est de dire qu’une religion est plus importante qu’une autre, on oublie les valeurs de la République française, notamment celle d’égalité. On s’assoit sur la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Et surtout, on ferme la porte à l’Islam : dans sa tribune, Mathieu Bock-Côté sous-entend en effet que la religion musulmane ne façonnera jamais l’histoire de la France. Quand un sociologue se prend pour un historien, cela ressemble plus à de la voyance qu’à de la science.