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Vic Mensa : « Je vois des similitudes entre Black Lives Matter et la Palestine »

En tant qu’artiste, Vic Mensa n’a jamais hésité à soutenir les populations marginalisées. Il a beaucoup parlé de sa propre expérience d’homme noir vivant dans les quartiers sud de Chicago et des violences policières. En novembre 2015, Vic Mensa avait protesté contre la mort de Laquan McDonald, un adolescent noir de 17 ans qui a été tué par la police de Chicago. Il a également rejoint les manifestations de #NoDAPL — pour s’opposer à la construction de l’oléoduc Dakota Access — à Standing Rock en novembre 2016, où il portait un keffieh.

« Je pense que ce qui est fait à la Palestine par Israël est aussi l’une des pires violations des droits humains au monde »

Lorsqu’on lui a demandé s’il y avait un acte politique dans le fait de porter un keffieh, Vic Mensa a répondu : « Le keffieh est un vêtement palestinien. Je pense que ce qui est fait à la Palestine par Israël est aussi l’une des pires violations des droits humains au monde en ce moment.

Je pense que c’est le devoir de toutes les personnes opprimées de soutenir d’autres personnes opprimées. Donc, ce qu’Israël est en train de faire en Palestine — ne pas reconnaître leur terre et leur état, et coloniser de façon permanente leur territoire — est semblable à ce que les Etats-Unis font ici aux autochtones. Ils traversent leur territoire, brisent des accords et manquent totalement de respect pour leur souveraineté et leur peuple. »

Dans une interview, publiée un peu plus tard cette année, cette question a été posée à Vic Mensa : « Quel est le sujet sur lequel vous n’avez pas écrit de chanson mais que vous aimeriez aborder à l’avenir ? »

Mensa a répondu : « La Palestine. C’est le théâtre de l’une des violations des droits humains les plus atroces des temps modernes. Israël continue d’étendre ses colonies et de détruite les maisons, de déplacer les populations et de les traiter comme si ce n’étaient pas des êtres humains. Et c’est quelque chose dont vous ne pouvez pas vraiment parler. Je pourrais avoir des ennuis si j’en parle maintenant face à la caméra (…). Mais, c’est quelque chose dont je veux vraiment parler. »

Dans le dernier clip de sa chanson « We Could Be Free », Vic Mensa fait exactement cela. Dans ce clip, Vic Mensa montre la solidarité des Américains, en particulier des jeunes, des artistes et des Noirs américains, avec la cause palestinienne tout en brisant les tabous.

De Standing Rock à la Palestine en passant par Ferguson

Le clip débute avec Vic Mensa en train de peindre les paroles de sa chanson sur le mur d’apartheid israélien qui traverse la Palestine occupée.

La chanson continue ensuite avec des images de violences et de protestations tournées en Palestine, à Ferguson, Standing Rock et Charlottesville.

Vic Mensa terminer la chanson en faisant intervenir Janna Jihad, un journaliste palestinien de 11 ans qu’il a rencontré en Palestine. Jihad a filmé des manifestations hebdomadaires contre le mur de l’apartheid israélien dans sa ville natale de Nabi Saleh.

Vic Mensa explique : « Je voulais faire une vidéo pour montrer ma solidarité avec les gens qui luttent contre l’oppression partout dans le monde. J’ai pris des scènes de l’occupation militaire d’un village que j’ai visité en Palestine et je les ai mises en parallèle avec la violence raciale en Amérique pour montrer à quel point nos luttes sont similaires et imaginer un monde sans division. »

« Sans le soutien des Etats-Unis à Israël et de l’apartheid en Palestine, tout cela prendrait fin »

Il ajoute : « J’ai trouvé tant de similitudes entre la situation des Noirs américains dans nos ghettos et les situations comme celles que je vois aujourd’hui en Palestine… L’oppression systématique, le déni des droits humains fondamentaux comme avoir un toit sur la tête. Les mouvements révolutionnaires, ou simplement les mouvements populaires aux États-Unis, peuvent changer la politique et l’opinion publique. Sans le soutien des Etats-Unis à Israël et de l’apartheid en Palestine, tout cela prendrait fin. »

Vic Mensa s’est embarqué dans ce voyage à travers Dream Defenders, une organisation basée en Floride qui a donné naissance au mouvement Black Lives Matter. Créé après la mort de Trayvon Martin en 2013, Dream Defenders a occupé le Capitole de l’Etat de Floride pendant 31 jours, appelant le gouverneur de la Floride, Rick Scott, à abroger les lois « Stand Your Ground » — « Défendez votre territoire » — de la Floride.

A partir de 2014, Dream Defenders a commencé à voyager en Palestine occupée où il a rencontré des activistes palestiniens qui filment leur vie de résistants à l’occupation. Ces voyages ont contribué à la construction de la solidarité entre les Noirs et les Palestiniens.

Vic Mensa a aidé à briser un tabou, celui d’être une célébrité qui parle de l’occupation israélienne.

Lors du bombardement israélien de Gaza en 2014, de nombreuses personnalités ont montré leur solidarité avec Gaza, alors que 2 000 Palestiniens ont été tués. De nombreuses célébrités ont tweeté pour soutenir la cause palestinienne et ont ensuite supprimé leur tweet.

Le poids du terrorisme intellectuel et le rejet grandissant d’Israël aux États-Unis

Dwight Howard a par exemple tweeté « #FreePalestine » avant d’écrire : « Le tweet précédent était une erreur. Je n’ai jamais commenté la politique internationale et je ne le ferai jamais. » Rihanna a également tweeté « #FreePalestine » avant, elle aussi, de supprimer son post huit minutes plus tard. Selena Gomez a posté sur son Instagram : « Priez pour Gaza » avant d’expliquer : « Bien évidemment, pour être claire, je ne choisis aucun camp. »

L’opinion publique, depuis le bombardement israélien de Gaza en 2014, s’est positionnée massivement en faveur des Palestiniens. De nombreuses églises, des syndicats étudiants et plusieurs autres organisations ont soutenu la campagne BDS contre l’Etat d’Israël. A travers son clip mettant en scène l’occupation israélienne, Vic Mensa prouve non seulement qu’il soutient la lutte palestinienne, mais il contribue également concrètement à ce soutien de plus en plus massif de la part de l’opinion publique américaine.

Un sondage du Brookings Institute a en effet montré que 47 % des Américains, dont 60 % des Démocrates, sont favorables à des sanctions contre l’Etat d’Israël. Un autre sondage révèle que 54 % des Américains, dont 72 % des Démocrates, pensent que la politique étrangère américaine devrait être impartiale, sans soutenir activement ni les Palestiniens ni les Israéliens. Le soutien à la solution à un Etat est également particulièrement élevé dans l’opinion américaine. Ce même sondage indique que, dans l’éventualité d’une solution à deux Etats, 63 % des Américains, dont 70 % de Démocrates et 50 % de Républicains, favorisent un « Etat démocratique unique dans lequel les Juifs et les Arabes sont égaux. » Un Etat qui couvrirait à la fois Israël et les territoires palestiniens.

Hamzah Raza écrit pour LeMuslimPost English, il a contribué au Huffington Post et Alternet. Il est actuellement directeur de l’Université Vanderbilt à Nashville, Tennessee, et rédige sa thèse sur le rôle des musulmans dans la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud.

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