En 2010 déjà, la question faisait débat. A une enseignante devant surveiller le bac, le représentant de l’académie d’Amiens avait indiqué que les femmes voilées étaient acceptées pendant toute la durée de l’examen. Ce qui avait provoqué une réaction virulente de l’enseignante, qui estimait que cette directive allait « à l’encontre de l’oral de français pour lequel l’expression et l’engagement physique du candidat sont très importants ». Sauf que la loi est claire à ce sujet : si le foulard est interdit pendant l’année scolaire dans les établissements, il est autorisé pendant le baccalauréat. Le statut des candidats est en effet différent de celui des élèves.
Des stigmatisations de plus en plus fréquentes
Le Comité contre l’islamophobie en France (CCIF) rappelait en effet l’an dernier que ses juristes « sont régulièrement sollicités par des étudiantes et des candidates, préoccupées par l’idée d’être écartées des examens en raison du port du foulard ». Or, depuis 2004, la loi est souvent mal interprétée alors qu’elle indique noir sur blanc que l’interdiction du port du foulard « ne s’applique pas (…) aux candidats qui viennent passer les épreuves d’un examen ou d’un concours dans les locaux d’un établissement public d’enseignement et qui ne deviennent pas, de ce seul fait, des élèves de l’enseignement public ». La circulaire du 18 mai 2004 précise que la seule obligation est de permettre « la vérification de l’identité des candidats ».
Malgré la législation claire, plusieurs abus sont régulièrement rapportés par des candidates à qui l’on demande de retirer leur foulard à leur entrée dans les salles d’examen. La loi « est souvent méconnue, mal interprétée ou sciemment falsifiée par certains responsables d’établissements », résume le CCIF, qui affirme que, en période de bac, « confusion, mauvaise foi, mépris, traitement différencié ou islamophobie » sont souvent de mise. Le Comité avait d’ailleurs constaté, en 2016, « une hausse du nombre d’étudiantes et candidates de confession musulmane que l’on stigmatise impunément et à qui l’on demande de retirer, parfois sèchement, leur voile à l’entrée des salles d’examen ».