« Une prévention de la radicalisation » c’est le thème de la réunion de l’«instance de dialogue avec l’Islam de France », convoquée par le gouvernement.
Après une première discussion avec le Conseil français du culte musulman (CFCM), l’«instance de dialogue avec l’Islam de France » s’est réunie au ministère de l’intérieur avec un objectif : celui de discuter de la prévention de la radicalisation – un sujet sur lequel le MI a lamentablement échoué jusqu’à maintenant –. Lors de l’ouverture de la session, Manuel Valls, Premier ministre, a déclaré : «Il faut, bien sûr, chercher à comprendre, ce qui ne veut pas dire chercher je ne sais quelle explication.» Une nouvelle pique envoyée à son ex-ministre de la Justice à qui il avait assuré, le 13 novembre dernier, qu’«expliquer, c’était déjà vouloir un peu excuser. »
Une initiative de plus…
Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a expliqué, de son côté, que les débats au sein de la communauté musulmane sont indispensables aujourd’hui. Il sait « que le choix de ce thème de la radicalisation a suscité des interrogations», notamment vu le choix des participants et des invités de cette instance. Mais il l’assume. Franck Fregosi, sociologue spécialiste de la religion et de l’Islam, a rappelé que les musulmans français étaient pris pour cible par les terroristes : « Les musulmans ont pris conscience qu’ils étaient eux-mêmes des cibles et que l’image de leur religion était gravement atteinte. » D’après les chiffres de Bernard Cazeneuve, 2 000 jeunes ont pris part au djihad. Il estime que la mobilisation des responsables musulmans est le meilleur moyen de contrer les discours haineux de l’Etat Islamique. Semblant oublier que l’Etat a peut-être également sa part de responsabilités…
Les aumôniers musulmans, la solution ?
L’imam Mahmoud Doua a voulu, en une phrase, résumer son impuissance face à la radicalisation : « Je reçois des jeunes convertis dont la radicalisation des pratiques religieuses inquiète leur famille. Malheureusement Je ne peux pas intervenir auprès de jeunes qui sont déjà tombés dans la violence. » Mais qu’est-ce qui ressort exactement de cette è énième discussion sur l’Islam ? Le CFCM a demandé une meilleure intégration des acteurs religieux dans les cellules locales de suivi et d’accompagnement des personnes radicalisées et une meilleure structuration de l’aumônerie musulmane en prison, qui reste de loin le meilleur accélérateur de la radicalisation des jeunes. Un sujet sensible que l’Etat a du mal à mettre en place. Contraint de suivre la loi de 1905, le gouvernement dit ne pas pouvoir s’engager sur autre chose que sur la formation civique des gens. Et quand bien même. Pour l’islamologue Rachid Benzine, les plus grands imams exerçant dans la société civile ne peuvent pas, à eux seuls, grâce à un discours religieux, contrer l’endoctrinement par l’Etat Islamique. Au terme des deux premières réunions de l’instance, c’est donc le statut quo.