Il l’a annoncé non sans une certaine fierté hier. Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur, a lancé dans un tweet : « La loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme entrera en application demain. »
La loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme entrera en application demain. pic.twitter.com/jl3kKXuvHb
— Gérard Collomb (@gerardcollomb) 30 octobre 2017
En signant, dans son bureau de l’Elysée, cette nouvelle loi antiterroriste, Emmanuel Macron a indiqué que cette dernière « nous permettra de sortir de l’état d’urgence à compter du 1er novembre tout en assurant pleinement la sécurité de nos concitoyens. » En réalité, il faudra attendre minuit pour que la loi antiterroriste remplace la mesure d’exception qu’est l’état d’urgence.
#LoiAntiterrorisme ✅ Engagement tenu, nous sortirons de l’état d’urgence le 1er novembre tout en renforçant la sécurité de nos concitoyens. pic.twitter.com/aTOe52sTYm
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 30 octobre 2017
Une façon détournée de décréter l’état d’urgence permanent dans lequel entre aujourd’hui notre pays. Après avoir dit toute leur inquiétude pendant les semaines qui ont précédé la signature de la loi antiterroriste, de nombreuses organisations dénoncent l’état d’urgence permanent. Comme la Commission nationale consultative des droits de l’homme, qui estime que cette nouvelle loi « porte atteinte aux droits et libertés fondamentaux. »
La CNCDH déplore l’adoption du #PJLTerrorisme par l’Ass. nationale qui porte atteinte aux droits et lib. fondamentaux
— CNC Droits homme (@CNCDH) 12 octobre 2017
Même son de cloches du côté du Syndicat de la magistrature qui, dans une note d’observations, dénonce « une urgence procédurale intolérable sur le plan démocratique. » L’organisation syndicale s’étonne de la communication faite sur la sortie de l’état d’urgence.. Il s’agit selon elle d’« un marché de dupes » que d’avoir voté cette loi dans une telle urgence. Laurence Blisson, secrétaire générale du Syndicat de la magistrature, estimait ici même que « nos libertés sont en train d’être bafouées. »
Même le Défenseur des droits, Jacques Toubon, voit dans la loi antiterroriste « une pilule empoisonnée », puisque le texte voté au parlement n’offre, selon lui, que trop peu de garanties en termes de respect des droits et des libertés. En tout cas, pas plus que l’état d’urgence. Le Défenseur des droits estime que « ce nouvel ‘état permanent’ du droit n’offre pas plus de garanties mais ne pourra plus être justifié par le caractère exceptionnel et temporaire. »
En septembre, l’ONU s’était de son côté inquiétée des restrictions aux libertés si la loi antiterroriste passait. Qu’importent les craintes des ONG et de l’ONU : la loi antiterroriste a été prorogée et sera effective à partir de minuit.
Gerard Collomb a d’ailleurs anticipé les échecs de ce nouveau tour de vis policier en prévenant que de nouvelles mesures seraient prises en cas de nouvelles attaques.