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Affaire Tariq Ramadan : des expertises médicales controversées

Ce lundi 26 mars, le consul suisse en France a rendu visite à Tariq Ramadan à Fresnes, où ce dernier a été transféré récemment. Selon nos informations, le diplomate est sorti « choqué » par l’état de santé de son concitoyen. Le comité de soutien s’inquiète de « la détérioration rapide de l’état de santé du Professeur Ramadan. »

« Tariq est rentré debout, aujourd’hui il vient au parloir en fauteuil roulant »

L’épouse de Tariq Ramadan, Iman, s’est rendue à Fresnes ce mercredi 28 mars. La quatrième visite depuis le début de la détention provisoire de son époux. Iman Ramadan dénonce des conditions de détention « indignes » et indique : « Le 2 février, Tariq est rentré debout. Aujourd’hui, il vient me voir au parloir en fauteuil roulant. »

Pourquoi n’a-t-on appris que lorsqu’il est arrivé en prison que Tariq Ramadan était atteint d’une sclérose en plaques ? Iman Ramadan assure qu’« il a été vu plusieurs fois par des médecins depuis 2014. » Dans un rapport médical daté de janvier 2016 que LeMuslimPost a pu consulter, le neurologue Dirk Deleu, neurologue, écrit que « après un an et demi de traitement, le patient a commencé à se plaindre de plus en plus de paresthésies des membres inférieurs. »

Les problèmes de santé de Tariq Ramadan n’ont pas débuté le 2 février lors de son arrivée à Fleury-Mérogis. Le professeur « a présenté pour la première fois en octobre 2014 un épisode de dix jours d’engourdissement des membres inférieurs initialement au niveau des deux pieds mais avec propagation progressive au niveau des genoux », indique le médecin. Iman Ramadan rappelle que, avant d’être incarcéré, il y avait autour de l’état de son mari « un consensus de diagnostics » : une sclérose en plaques et une neuropathie de type inconnu.

Le rapport d’expertise médicale attendu pour le 15 avril

Selon le médecin qui l’a examiné en 2016, l’état de santé de Tariq Ramadan s’est détérioré. « Le patient remplissant les critères diagnostiques de la sclérose en plaques, un traitement médicamenteux a été indiqué, en particulier en raison de la lésion médullaire », écrivait le médecin il y a deux ans et demi déjà.

Un autre rapport médical a été fourni par la défense de Tariq Ramadan au tout début de la détention. Celui-ci effectué par le médecin chef de la prison de Fleury-Mérogis. Farid Mehareb. Un document balayé par les avocats de la partie adverse. « Mon confrère, explique Me Emmanuel Marsigny, a dit : ‘Ah oui, le certificat de ce docteur Farid ?‘ Mais qu’est-ce que ça veut dire ? C’est parce qu’il est Arabe ? Musulman ? » Une autre expertise médicale a indiqué que l’état de Tariq Ramadan était compatible avec sa détention. Tariq Ramadan, indiquait le rapport, s’il était bien atteint de sclérose en plaques, ne souffrait d’aucune neuropathie. Sauf que l’examen n’a duré que quelques minutes, sans le dossier complet et comporte des erreurs, notamment le poids de Tariq Ramadan qui est erroné — le rapport indique dix kilos de plus que la réalité. Puis à la Salpêtrière, un troisième avis assure que le type de sclérose en plaque détecté n’est pas le même. Iman Ramadan s’étonne de ces « avis médicaux contradictoires » là où, auparavant, il y avait consensus.

« Comment va-t-il pouvoir assurer sa défense dans ces conditions ? »

Suite aux contestations de la défense de Tariq Ramadan, qui reprochait une expertise bâclée par le docteur Guerguen, les autorités judiciaires se sont retrouvées dans l’obligation de revoir leur copie. Une nouvelle expertise médicale a donc été diligentée. Celle-ci a eu lieu ce mardi 27 mars 2018. Deux médecins — les neurologues François Chedru et Olivier Gout — ont examiné Tariq Ramadan pendant une heure et quart. Les deux experts donneront leur verdict mi-avril — au lieu de fin mars comme c’était prévu.

En attendant, l’état de santé de Tariq Ramadan inquiète. Début mars, l’avocat suisse de Tariq Ramadan, Me Marc Bonnant, avait rendu visite au professeur. Il indiquait que son client lui avait « paru très affaibli. Et il se sait affaibli. Son état de santé pose un problème médical, avec acuité. » Iman Ramadan dénonce les « risques d’effets permanents » : Tariq Ramadan a des maux de tête réguliers, des douleurs — crampes et engourdissements des membres de plus en plus réguliers —, des troubles du sommeil et de la mémoire. Seules quelques séances de kiné viennent parfois le soulager. « Comment pourrait-il assurer sa défense dans ces conditions ? », demande Iman Ramadan.

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