Ce sont juste « des modifications d’ordre technique » qui sont prévues, insiste Nicolas Cadène, rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité. La loi de 1905 pourrait bien être retouchée, à en croire un avant-projet de loi tombé entre les mains du journal L’Opinion en début de semaine et qui pourrait être discuté début 2019 au Parlement. De quoi lancer un grand débat sur le thème de la laïcité. Mgr Olivier-Ribadeau Dumas, porte-parole de la Conférence des évêques de France, assure cependant que le ministère de l’Intérieur lui aurait « indiqué que ce qui a été dit ne serait peut-être pas dans le projet de loi. » A Beauvau, le Bureau central des cultes n’aurait pas apprécié cette « fuite » dans la presse. Quelques organisations musulmanes et catholiques sont, elles, montées au créneau.
Chez L.E.S Musulmans, le mouvement issu de la consultation lancée par Marwan Muhammad, qui craint que les musulmans soient mis « sous tutelle de l’Etat. » Le mouvement estime qu’amender la loi de 1905 ne ferait que « toucher à l’une des valeurs cardinales plébiscitées par les Français et créer un dangereux précédent : la structuration forcée d’un culte par une politique d’Etat », et rappelle que « les musulmans sont des citoyens comme les autres, ils ne méritent ni ne souhaitent faire l’objet d’aucune ‘loi d’exception’. » Dans son texte publié sur son site, l’organisation musulmane explique que « les solutions proposées ne règlent rien et aggravent tout », et que le projet de loi exposerait « dangereusement les communautés musulmanes à une mise sous tutelle idéologique et politique. »
Même son de cloches du côté de l’Eglise catholique, où l’on s’inquiète des retombées d’un avant-projet de loi qui, avoue-t-on, est taillé sur mesure pour le culte musulman mais qui toucherait, par ricochets, l’institution catholique. Mgr Olivier-Ribadeau Dumas estime que, concernant le contrôle des financements du culte catholique, « tout semble assez clair, nos comptes sont publiés, ils sont contrôlés. Je ne pense pas qu’il y ait de souci pour nous. » L’évêque craint « un durcissement des mesures pour une religion particulière » qui imposerait alors « un durcissement pour les autres cultes, lesquels sont bien encadrés. » Autrement dit, « en voulant prendre des mesures pour un culte, ce sont finalement tous les cultes qui sont touchés. »