Le consulat d’Afrique du Sud et un magasin sud-africain ont été attaqués jeudi à Lubumbashi, deuxième ville de la République démocratique du Congo, en marge de manifestations contre les violences xénophobes à Johannesburg, a constaté un correspondant de l’AFP.
Plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées devant le consulat d’Afrique du Sud à Lubumbashi (sud-est) à l’appel d’ONG. Des manifestants ont ensuite caillassé les vitrines du consulat, d’après le correspondant.
Un magasin de l’enseigne MRP/Mister Price a ensuite été pillé, selon cette même source, confirmant de nombreuses vidéos sur les réseaux sociaux.
Un ou deux pilleurs présumés auraient été blessés par la police dans la répression du pillage du magasin, d’après des témoignages.
« Nous désapprouvons et condamnons les attaques/pillages et tentatives de pillage en cours contre les propriétés sud-africaines ou présumées telles », a réagi le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha) sur Twitter.
« On ne dénonce pas la violence par la violence! Nous appelons la police à stopper les pillards sans force excessive/létale », a ajouté Lucha.
Les scènes de pillage de l’enseigne MRP étaient partagés sur les réseaux sociaux.
Mercredi, l’ambassade de RDC à Pretoria avait invité les Congolais résidant en Afrique du Sud à « une prudence accrue dans leurs déplacements », voire à « s’abstenir momentanément de toute activité, si nécessaire ».
Des violences dirigées contre des étrangers ont fait sept morts depuis dimanche en Afrique du Sud, faisant sept morts dans la région de Johannesburg. Des dizaines de magasins ont été détruits et des camions soupçonnés d’être conduits par des étrangers ont également été brûlés.
Cette flambée de violences a suscité inquiétude et colère dans plusieurs pays africains qui comptent de nombreux ressortissants en Afrique du Sud, dont la RDC et le Nigeria.
Des menaces au Nigeria
Pretoria a d’ailleurs « fermé temporairement » ses missions diplomatiques au Nigeria, à la suite de « menaces » reçues en représailles aux violences xénophobes meurtrières de ces derniers jours en Afrique du Sud, où la situation continuait à se normaliser jeudi.
A Johannesburg, la principale ville sud-africaine et épicentre des récents pillages et attaques, la nuit de mercredi à jeudi a été relativement calme, à l’exception du pillage en grande banlieue, à Katlehong, d’un supermarché appartenant à une enseigne sud-africaine. Aucun autre incident majeur n’a été signalé dans l’immédiat.
« Le seul endroit où un groupe nous donne beaucoup de soucis est Katlehong », a déclaré jeudi après-midi le responsable de la province de Johannesburg, David Makhura.
La police a encore renforcé ses effectifs pour tenter de mettre un terme définitif à ces violences qui ont éclaté dimanche soir à Johannesburg, avant de s’étendre à la capitale Pretoria. Des dizaines de magasins, appartenant principalement à des étrangers, ont été pillés, et des camions brûlés dans la province du KwaZulu-Natal (est).
Selon un dernier bilan de la police jeudi, au moins sept personnes ont été tuées et plus de 400 arrêtées. La nationalité des victimes n’a pas encore été communiquée.
Ces attaques ont provoqué l’indignation dans plusieurs pays africains, où les violences contre les intérêts sud-africains se poursuivaient.
En réaction, Pretoria a fermé temporairement ses missions diplomatiques au Nigeria.
« Après avoir reçu des informations et des menaces de la part de Nigérians, nous avons décidé de fermer temporairement » l’ambassade à Abuja et le consulat à Lagos, a déclaré jeudi à l’AFP le porte-parole du ministère sud-africain des Affaires étrangères Lunga Ngqengelele.
Le propriétaire d’une compagnie aérienne nigériane privée a offert d’évacuer des Nigérians à bord d’un avion mis à leur disposition gratuitement, a annoncé de son côté le ministère nigérian des Affaires étrangères.
Une manifestation jeudi devant l’ambassade sud-africaine à Abuja n’a toutefois réuni qu’une vingtaine de personnes, laissant penser que le mouvement anti-sud-africain au Nigeria s’essouffler.