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Arabie Saoudite : « MBS » et ses caprices de diva

S’il veut actuellement apparaître comme un réformateur, à coup de décisions symboliques — droit des femmes à conduire, autorisation des cinémas dans le royaume —, le jeune prince héritier d’Arabie Saoudite n’a jamais réussi à se défaire de son goût prononcé pour l’argent. Alors que son père, le roi d’Arabie Saoudite, Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, dispose d’une fortune estimée à 16,5 milliards d’euros, Mohammed ben Salman a, ces dernières années, tenu à se faire plaisir avant de prendre les rênes du pouvoir. Le prince héritier s’est laissé aller à quelques achats bien sentis, mais pas toujours très légaux.

  • Prince héritier ou roi Soleil ?

Demeure privée la plus chère au monde, cette bâtisse achevée en 2011 a été vendue en 2015 pour un montant qui devait rester inconnu à une personne qui devait également rester anonyme.

Dans un article de juillet 2017, Mediapart révèle alors que le propriétaire du château n’est autre que MBS, qui à l’époque n’est encore que vice-prince héritier. En s’appuyant sur des informations de l’agence Bloomberg, on apprend que la transaction s’est élevée à 275 millions d’euros.

Le château Louis XIV est d’abord l’idée d’un homme. A 47 ans, le Franco-Saoudien Emad Khashoggi, petit-fils du médecin personnel du roi Abdul Aziz Al-Saoud, construit ou réhabilite de somptueuses demeures inspirées du patrimoine français, qu’il réinvente pour satisfaire les goûts d’une clientèle étrangère fortunée, russe, chinoise ou, plus souvent, originaire du Moyen-Orient, dont Paris Match détaille plus amplement les différents travaux.

Son promoteur promettait d’offrir à ses occupants « les fastes de Versailles sous la révolution high tech » (domotique, salon sous aquarium…). Marbre, fontaines, reproduction du bassin du char d’Apollon du Château de Versailles, 200 lustres faits « à la main », feuilles d’or… Rien n’est trop beau pour cette demeure de 5000 mètres carrés, qui a mobilisé 120 ouvriers sur ce chantier de deux ans et demi.

En décembre 2017, le New York Times revient sur l’affaire du château de Louveciennes en dévoilant les dessous de l’acquisition, et en les reliant à une série d’autres achats qui ont lieu vers la même période (dont un yacht à 500 millions d’euros et une peinture de Léonard de Vinci à 382 millions d’euros).

L’identité réelle du propriétaire a été soigneusement dissimulée derrière des sociétés écrans enregistrées en France et au Luxembourg. Ces dernières appartiennent à Eight Investment Company, une société saoudienne dirigée par le gérant de la fondation personnelle du Prince Héritier Mohammed. Selon des conseillers de la famille royale, c’est bien le prince héritier qui est le propriétaire de fait du château.

  • Un yacht acheté à un magnat russe… hors TVA

Le Serene est un yacht à moteur de luxe construit par les chantiers Fincantieri en Italie. D’une longueur de 133 mètres, le Serene Yacht a été acheté pour 500 millions d’euros (environ 560 millions de dollars) en 2015 par Mohammed Ben Salman, le prince héritier d’Arabie Saoudite au magnat russe de la vodka. Selon Ouest France, il fait partie des 11 yachts les plus chers au monde. Mais pour cet achat, le prince héritier a bénéficié d’une petite ristourne bienvenue : 84 millions d’euros, grâce à voyage économique. Dans l’enquête des « Paradise Papers », Le Monde nous apprend en effet que le contrat de vente a été signé après un transfert du yacht du port de La Ciotat vers un lieu tenu secret dans les « eaux internationales de la Méditerranée occidentale ». De quoi éviter de payer la TVA et réaliser une belle économie.

  • Le prince héritier en « sauveur du monde »

Lors d’une vente aux enchères chez Christie’s, à Londres, l’huile sur bois datée d’environ 1 500 a atteint la somme mirobolante de 450 millions de dollars, écrasant le précédent record, détenu par Les Femmes d’Alger, de Picasso (179 millions de dollars). Le Salvator Mundi (le « sauveur du monde ») est attribué au maître de la Renaissance, qui représente le Christ tenant une sphère de cristal dans sa main.

S’appuyant sur une source ayant eu accès à un rapport des services de renseignement américain et une autre proche de la transaction, le New York Times et le Wall Street Journal ont affirmé que l’achat a été réalisé par un prince de second rang, Bader Ben Abdullah Ben Mohammed Ben Farhan Al-Saud, en lien téléphonique avec Christie’s lors de la vente, mais agissant pour le compte de « MBS », dont il est proche.

Affabulations, répond le gouvernement saoudien, qui a produit vendredi un document présentant le prince Bader comme un intermédiaire mandaté par le département de la culture et du tourisme d’Abou Dhabi. La branche du Louvre, ouverte début novembre dans la capitale des Emirats arabes unis, avait annoncé deux jours plus tôt que la peinture à un demi-milliard de dollars ornerait ses murs. Mais cette version ne convainc pas totalement. Interrogée par l’agence Reuters, la porte-parole de l’institution émirienne, tout en assurant que celle-ci a « acquis » le chef-d’œuvre italien, a refusé de confirmer qu’elle l’a « acheté ».

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