Sera-t-il impossible, pour les populations des pays alliés au Qatar, d’obtenir des visas pour le pèlerinage à La Mecque ? Du côté saoudien, on tente d’expliquer que la brouille diplomatique avec le voisin du Golfe ne changera rien quant aux pèlerinages du Hajj et de la Omra. Pour la présidence des deux mosquées saintes de La Mecque et de Médine, « les pèlerins qataris sont dans le cœur de leurs frères saoudiens dès leur entrée dans le royaume et jusqu’à leur départ. » Un responsable qui rappelait il y a quelques jours que « le royaume a reçu 1 633 pèlerins qataris pour accomplir leur omra. » Si le royaume wahhabite se veut donc rassurant avec les croyants musulmans du monde entier, l’Arabie Saoudite exerce en ce moment une pression sur les pays africains pour couper toute relation avec le Qatar. Dans la balance, le Hajj et la Omra. Si les Saoud ne disent pas clairement qu’ils exercent un chantage aux visas pour les pays amis du Qatar, la menace est en tout cas réelle. Le Monde parle notamment de « menaces à peine voilées de complications dans l’obtention de visas pour le pèlerinage à La Mecque ».
Le Sénégal a été le premier pays subsaharien à céder à la pression
Exemple flagrant de cette pression exercée par l’Arabie Saoudite avec le Sénégal, le premier pays d’Afrique subsaharienne à lâcher le Qatar. « Dakar a intérêt à soutenir son allié », peut-on lire dans la presse sénégalaise qui rappelle que l’Arabie Saoudite a accordé au Sénégal un quota de plus de 10 000 pèlerins pour le pèlerinage de 2016. Or, peut-on également lire dans ces mêmes médias, l’ultimatum saoudien arrive alors que « les opérations pour le pèlerinage à la Mecque 2017 sont actuellement en cours ». Pour le moment, plusieurs pays — Maroc, Algérie, Tunisie, Soudan, Somalie ou encore Nigeria — n’ont pas pris position dans ce conflit diplomatique. Mais, le Hajj arrivant, la pression saoudienne se fait de plus en plus forte. L’Arabie Saoudite a d’ailleurs déjà vécu plusieurs brouilles diplomatiques avec l’Iran et l’Algérie qui avaient coûté à de nombreux pèlerins de ces deux pays leur place à La Mecque. Nul doute qu’avec un tel moyen de pression, Riyad réussira plus facilement à convaincre les Etats africains de rompre leurs relations diplomatiques avec Doha. Sept d’entre eux ont déjà cédé.