Des soldats sont entrés vers 02H00 du matin dans les bureaux de l’ONG Addameer située à Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie occupée, a indiqué Sahar Francis, à la tête de cette ONG qui dénonce les abus commis sur des Palestiniens incarcérés en Israël et dans les Territoires occupés.
« Ils ont fouillé tout le bureau », a déclaré Mme Francis, précisant qu’aucun employé n’était présent lors de l’intervention des forces israéliennes qui ont notamment saisi, selon elle, cinq ordinateurs.
« C’était une attaque sinistre et calculée visant à juguler le travail essentiel d’Addameer pour la défense des droits humains », a réagi Saleh Higazi, directeur adjoint d’Amnesty International pour le Moyen-Orient.
Il a dénoncé une tentative d' »écraser l’activisme pacifique et de réduire au silence les ONG » a-t-il ajouté, qualifiant le raid de « glaçant ».
Des associations de la droite israélienne accusent l’ONG Addameer d’être liée au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), considéré comme une organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne.
Interrogée par l’AFP, l’armée israélienne n’a pas souhaité commenter l’affaire.
Connue pour documenter des allégations d’abus dans les prisons israéliennes, l’ONG a déjà fait l’objet de deux perquisitions, la dernière datant de 2012.
Des ordinateurs avaient aussi été saisis, a affirmé Sahar Francis, ajoutant n’avoir « jamais récupéré les objets volés en 2012, en dépit d’une requête ».
Amnesty International a rappelé qu’un employé d’Addameer est par ailleurs détenu depuis l’année dernière en vertu de la législation israélienne sur la détention administrative, qui autorise la détention sans procès pour des périodes pouvant aller jusqu’à six mois renouvelables.
Selon Saleh Higazi, le raid jeudi fait partie d’une intensification de la campagne israélienne contre les organisations de la société civile.
Le directeur et citoyen américain de l’ONG Human Rights Watch pour Israël et les territoires palestiniens, Omar Shakir, se bat actuellement contre un ordre d’expulsion israélien, accusé de soutenir le boycott de l’Etat hébreu, malgré ses démentis.
Le Parlement a adopté en 2017 une loi interdisant l’entrée sur le territoire à tout non Israélien ou non résident permanent qui aurait appelé au boycott d’Israël.
Le bureau de l’ONG, se trouve en Cisjordanie –un territoire qu’Israël occupe depuis la guerre de 1967– dans une partie théoriquement sous contrôle palestinien. Mais l’armée israélienne effectue régulièrement des raids dans de telles zones.