C’est un tweet qui peut paraît anodin. Rached Ghannouchi, leader du parti islamiste tunisien Ennahdha, indique avoir eu une conversation téléphonique avec Kaïs Saïed, finaliste de la présidentielle. Le « cheikh » l’a « félicité pour sa victoire au premier tour de ces élections », peut-on lire dans ce message dans lequel Ghannouchi montre toute sa proximité avec le candidat indépendant.
أجرى الأستاذ راشد اتصالا هاتفيا مع الأستاذ قيس سعيد المترشح للانتخابات الرئاسية وهنأه بفوزه في الدور الأول من هذه الانتخابات وتمنى له حظا موفقا لما فيه مصلحة الشعب التونسي وتجربته الديمقراطية الرائدة pic.twitter.com/EMOrbDqZDJ
— Rached Ghannouchi (@R_Ghannouchi) September 19, 2019
Ce tweet revêt une importance particulière, Kaïs Saïed tentant de se démarquer d’une éventuelle appartenance — ou tout du moins proximité — avec le parti islamiste. Un message suivi, hier soir, par une intervention d’Abdelkarim Harouni, président du conseil de la Choura d’Ennahdha. Ce dernier a assuré que son parti soutenait Kaïd Saïed « en majorité » et qu’une annonce officielle allait être faite au cours de la semaine prochaine. Une façon pour le parti islamiste de montrer toute son hostilité à Nabil Karoui, l’autre qualifié pour le second tour.
Alors, Kaïs Saïed sortira-t-il du bois malgré sa volonté de montrer qu’il se tient à bonne distance des islamistes ? Selon des propos du principal intéressé, c’est Imed Dghij, des Ligues de protection de la révolution, des groupuscules islamistes violents qui ont été interdits par la justice locale, qui aurait convaincu le professeur de droit de se présenter à la présidentielle. Depuis, le candidat a montré tout son goût pour le conservatisme, jugeant qu’il ne faut ni dépénaliser l’homosexualité en Tunisie ni parler d’égalité homme-femme dans l’héritage, tout en niant un quelconque lien avec Ennahdha.
En cas de victoire, Kaïs Saïed devra sans aucun doute penser à une alliance de circonstance avec le parti islamiste, pour avoir un semblant de majorité à l’assemblée des représentants du peuple. De quoi mettre à mal l’image du candidat « anti-système ».