Voilà deux ans, Ko Ni, avocat musulman birman et conseiller juridique du parti d’Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie, était abattu. Un choc pour le pays, cet homme étant notamment connu pour ses discours sur la tolérance religieuse et l’exode des Rohingyas étant un sujet brulant. Un assassinat dû, selon la fille de l’avocat, à des raisons religieuses. « Beaucoup de gens nous détestent parce que nous avons une religion différente », avait-elle affirmé, alors que le parti au pouvoir parlait, de son côté, de « perte immense pour Aung San Suu Kyi. »
Alors que la situation des Rohingyas est toujours terrible en Birmanie, l’ONG International Crisis Group avait estimé que ce meurtre « souligne l’urgence pour le gouvernement birman et la société birmane de s’unir pour condamner toutes les formes de discours haineux. » Depuis, Facebook a fait fermer de nombreuses pages de nationalistes bouddhistes véhiculant ces discours. Yanghee Lee, envoyée spéciale pour les Nations unies en Birmanie, avait enfin demandé à Aung San Suu Kyi de « faire la lumière sur cette mort. »
Un tribunal de Yangon vient tout juste de se prononcer sur la sentence réservée à trois hommes, dont deux anciens officiers de l’armée, accusés d’être à l’origine de l’assassinat de Ko Ni, alors qu’un quatrième homme était accusé d’avoir hébergé l’un des accusés. Deux des accusés ont écopé de la peine de mort — même si, dans les faits, cela devrait se transformer en perpétuité —, les autres de peines de trois à cinq ans.